samedi 27 juin 2009

JAIRE. LA FEMME. JESUS.

Ce passage de Marc 5,21-43, met en scène trois personnes : Un chef de synagogue, Jaïre, une femme très souffrante, elle avait des pertes de sang depuis douze ans, et Jésus. Ces trois personnages, situés socialement différemment, ont la même attitude dans la vie. Ils ne se résignent pas au malheur. Ils ne disent pas de leur souffrance : c'est ainsi, il faut l'accepter ! Jaïre, devant la maladie de sa fille, cette femme qui irait de nos jours dans un centre anti-douleur, Jésus devant l'annonce de la mort de l'enfant, espèrent un avenir de vie, de paix, de réconciliation personnelle.

Ils se battent pour cela : Jaïre doit fendre la foule pour tomber aux pieds de Jésus et le supplier instamment. Un chef de syangogue qui se met à genoux devant le Rabbi de Nzazareth et le supplie ! Un dignitaire religieux juif qui reconnaît un galiléen marginal, quel renversement des rôles.
Une femme qui souffre physiquement, qui a consulté de nombreux médecins sans résultat et qui espère encore, qui se refuse à la résignation qui pourrait lui sembler si logique, si naturelle.
Jésus qui prend conscience devant Jaïre que la mort n'est pas le denier mot de la création.

Jaïre, cette femme, Jésus sont de grandes et belles figures de croyants. Non parce qu'ils réciteraient des prières , des credo, non parce qu'ils croiraient en des forces mystérieuses. Tous les trois espèrent que le Créateur ne nous a pas abandonnés, qu'il nous a donné la vie pour qu'elle soit belle et féconde. Ce n'est pas la vie de voir son enfant mourir. Ce n'est pas la vie de souffrir tout le temps. Marc nous redit à travers ses trois personnages que notre foi se mesure à l'énergie que nous mettons pour que la création soit belle et bonne. L'Eternel nous donne sa force pour que nous refusions la résignation qui est indigne d el'homme. Nous ne pouvons rester seuls pour cette tâche, tant la tragédie humaine est parfois bouleversante, mais avec d'autres nous pouvons briser quelques murs pour que le chant du Très Haut adoucisse notre condition.

P.S. en Juillet et Août, un seul rendez vous hebdomadaire pour se ressourcer !
Claude P. ton adresse ?

mercredi 24 juin 2009

DANGEREUX GRAND ECART.

Benoit XVI vient d'ouvrir " l'année du prêtre " et il a décidé de mettre la figure du curé d'Ars comme modèle et référence. Jean Marie Vianney va être déclaré modèle de tous les prêtres. Le pape souligne à juste titre l'importance d'une vie évangélique, de la fidélité au ministère et stigmatise les scandales et les abus. Le curé d'Ars serait un repère pour notre temps par rapport à sa vie de curé et surtout sa pratique de la confession.
Prendre le curé d'Ars comme repère , n'est ce pas la même démarche que de dire aux professeurs des écoles, devenez des instituteurs de 1900 et tout reviendra comme avant ! N'est ce pas ignorer les modalités pratiques de notre époque et refuser d'inventer de nouveaux chemins ? Le curé d'Ars a existé et est le modèle pour certains jeunes prêtres, certes, mais les prêtres ouvriers ont existé eux aussi, ainsi que les prêtres en monde ouvrier et ils inventaient de nouvelles manières d'être présents dans notre société. Pourquoi les ignorer, renier leur apport comme si une " restauration " de l'ordre ancien était la seule voie de la vie écclesiale ?


Le journal La Croix a publié il y a quelques jours une enquête qui redit, pour la énième fois ! que les catholiques pratiquants, dans leur grande majorité, sont partisans de l'ordination des hommes mariés, de la non obligation du célibat et de l'ordination des femmes. Ces pratiquants ne sont pas des gauchistes irresponsables ! mais plutôt des gens d'âge mur et souvent assez conservateurs, néammoins ils se démarquent nettement de la parole officielle. Depuis vingt ans, toutes les enquêtes d'opinion reidisent la même chose. Pourquoi l'autorité romaine refuse de les entendre ? Ce grand écart écclesial risque de produire des fractures de plus en plus graves. Réveillons nous.

samedi 20 juin 2009

Un LIVRE pour VOTRE ETE.

Vous avez la chance d'avoir des vacances ? Vous aimez lire l'été ? Je me permets de vous faire une proposition " honnête " ! Pendant ces deux dernières années, j'ai écrit une centaine de pages sur les raisons de croire. Le partage de l'Espérance du rabbi de Nazareth est , pour moi, aussi importante que les visites hebdomadaires à la maison d'arrêt ou au centre Esquirol. Ayant la chance de croire que Jésus nous rend proche l'Eternel, qu'il est possible de Lui parler et que nous Le rencontrerons dans la splendeur et la totalité de Sa lumière, j'essaie de mettre par écrit quelques réflexions........afin de les partager. Cet exercice nourrit mon espérance, pourquoi ne pas vous la partager ?

La foi chrétienne nous éloigne-t-elle de la vie ou nous aide -t-elle à aimer notre terre?

La peur est elle le moteur de la foi religieuse ?

La rencontre de Dieu n'est elle qu'un voeu pieux ?

La souffrance et la foi.

Faut il être " zen "pour croire ?

Des contemplatifs dans les banlieues.

Pourquoi rester dans l'église ?

Voici les thèmes que j'ai développés . Si vous êtes intéressés et curieux, faites moi signe. Le prix des photocopies est de quatre euro ! Bon été et bonne fête de la musique.

mercredi 17 juin 2009

PRISE en CHARGE. PRISE en COMPTE.

J'ai assisté le 12 Juin au colloque : " Précarité : concepts, limites, place des personnes." organisé ua Conseil régional de Basse Normandie. J'en retiens quelques réflexions de M. Saül Kartz, professeur de sociologie à Paris V.

La prise en charge des personnes en précarité s'adresse " à des personnes qui ont mal , à des victimes pures ." La prise en charge signifie sans s'en rendre compte : tu as de la chance, je suis là pour t'aider, t'accompagner, tu peux compter sur moi. Dans cette logique, l'accompagnant conduit la personne là où elle doit aller pour s'en sortir. Alors que chacun, et pas seulement les gens en précarité, est énigmatique, dans cette relation celui qui aide " connaît bien " ceux qu'il prend par la main. Qui n'a jamais expérimenté en lui la difficulté à résister " à la folle envie de faire du bien " ?

La prise en compte signifie : " je fais quelques pas avec vous dans ce cheminement qui est le vôtre et que vous êtes le seul à parcourir. Je ne sais pas mieux que vous ce qu'il faut faire. Je sais d'autres choses que vous. Votre parcours avec ses galères, ses souffrances, et la survie vous donnent des armes. Ma compétence, ma militance, mon professionnalisme.....me fournisssent certaines compétences que je peux vous proposer pour que vous les essayiez."
Un réel partenariat peut alors naître , qui refusera la fusion et acceptera, comme tout partenariat, la coexistence d'accords et de désaccords.

Dans ma propre vie, à la prison, à Esquirol j'ai souvent ressenti cette tension entre prise en charge et prise en compte. Je crois que les deux attitudes habitent chacun de nous, à nous de savoir déméler leurs fils pour mieux respecter autrui et soi même.

vendredi 12 juin 2009

DIEU en MAITRE de MAISON.

Ce dimanche, les textes nous parlent de l'eucharistie. Chaque année, après la fête de la Trinité, la liturgie met l'accent sur l'eucharistie. " Corps et sang du Christ " titrent les feuilles paroissiales. Je préfère parler du " repas de Dieu." Le Seigneur nous fait signe, nous invite à un repas. Parler d'abord du corps et du sang c'est se situer, pour beaucoup de nos contemporains, dans le merveilleux, voire l'incroyable. Pourquoi ne pas mettre l'accent sur l'invitation à un repas ?

Je ne suis pas maso, vous non plus ! vous n'invitez pas à un repas ceux que vous n'aimez pas, que vous subissez à longueur de journée. Le repas est un temps privilégié de rencontre entre amis. Jésus leur a dit : " Je ne vous appelle plus serviteurs , mais amis ." Dans cette logique de la rencontre amicale, il nous invite à refaire à sa suite l'espérience du dernier repas : " Faites cela en mémoire d e moi." Vivons nous l'eucharistie comme une rencontre entre amis de Dieu qui s'aident à écouter la Parole, à la comprendre, à prier, à partager le coeur de leurs existences.

Dieu nous invite à un repas, et comme tout bon cuisinier, il nous propose de bons mets. Communier, ce n'est pas d'abord réfléchir à la transsubstantiation, c'est comprendre que le très Haut nous donne comme alimentation le Partage de sa Vie. Le célébrant ne casse pas la grande hostie, il la Partage. Communier, c'est redire à la suite du Nazaréen que la Vie du Père réside dans le partage de la prière, de la justice de l'écoute, de l'amitié. Croire en la présence réelle, c'est croire que ce partage nous est donné par le Galiléen ressuscité des morts et qu'il est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Dieu ne nous convie pas à un repas sacrificiel. Comme Jésus il nous invite à sa propre table pour répondre à notre désir de vie et non de survie.

mercredi 10 juin 2009

PAQUES ASCENSION PENTECOTE.

Comme chaque année nous avons fêté la résurrection du Nazaréen à Pâques, son élévation dans les cieux le jour de l'ascension et le don de l'Esprit de Dieu à la pentecôte. Le " piège " religieux est de considérer ces trois célébrations comme trois moments distincts dans une chronologie tout fait repérable. Dans cette perspective, beaucoup préfèrent renoncer à croire et à célébrer ces moments qui leur semblent relever du merveilleux, de l'imaginaire, de " l'incroyable ".

Nous ne croyons pas en Jésus grâce à ces fêtes, mais c'est parce que nous sommes amoureux de ses paroles et de ses actes que nous croyons ses propos lorqu'il nous révèle le Très Haut comme un Père. Alors nous nous rendons compte combien nos mots sont pauvres pour dire l'Eternel . Un seul langage ne suffit pas.

La foi en la résurrection du crucifié du Golgotha est sans doute celle qui répond le plus à notre esprit occidental. La mort, l'échec, le malheur hantent souvent nos existences. Quel est le dernier mot de nos vies?

Le langage de l'ascension est plus éloigné de nous. Il nous semble mythique, loin de nos vies. Pourtant c'est une autre manière de dire la résurrection. Le Galiléen habite le royaume de Dieu. La terre ne l'a pas enfoui à jamais.

La pentecôte nous donne l'assurance et la joie de ne pas être seuls, abandonnés de Dieu sur notre terre. Son Esprit est proche de nous. il ne résoud pas nos difficultés à notre place, mais il entretient la foi, la force, l'espérance pour que nous soyons des Vivants dès cette vie terrestre.

samedi 6 juin 2009

DIEU n'a pas PEUR de NOUS.

Ce dimanche, nous célébrons la Trinité. Qui ose encore en parler ? Affirmer le Dieu Trinitaire semble trop compliqué, ringard, totalement dépassé, un obstacle dans le dialogue interreligieux....Et pourtant nous commençons la prière par ce signe de croix qui nous redit chaque fois le Père, le Fils et l'Esprit. Parler de la Trinité n'est pas faire oeuvre savante pour rechercher les relations en Dieu lui même, c'est d'abord croire en un Dieu qui n'est pas caché au plus haut des cieux, qui n'est pas indifférent à nos existences. "Spontanément " beaucoup de croyants imaginent Dieu loin de leur vie, tapi au ciel pour les épier, les juger, les reprendre. La fête de la Trinité nous rappelle un Seigneur proche, tendre, lent à la colère, amoureux de l'humanité.

Pour les Juifs le Créateur est essentiellement le libérateur d'Egypte et de Babylone. C'est le Dieu qui dit à Moïse : " J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple." C'est Lui qui fait revenir les déportés de Babylone. Le Créateur n'est pas un principe philosophique, c'est le Très Haut qui se réjouit de voir sa création heureuse. Jésus a créé l'église comme un peuple porteur et acteur d'une Bonne Nouvelle pour tous les humains. L'Esprit continue à être à l'oeuvre partout, et pas seulement chez les croyants, là où la justice et la bonté l'emportent.

Dieu n'est pa caché, Il donne la Vie, sa Vie. Abraham et Sara auront un fils, les résistants juifs du 2ème siècle ressusciteront. Le Nazaréen est relevé du tombeau.

Le Père, le Fils , l'Esprit sont l'image de l'Eternel proche, amical, tendre. Nos prières peuvent aussi prendre ces chemins de la confiance, nous ne sommes pas abandonnés sur la terre . Le Seigneur est notre AMI.

mercredi 3 juin 2009

RESPECTONS NOUS !

Je retiens deux évènements de ces derniers jours. Hier, mardi 2 juin, la presse nous annonçait l'assassinat du docteur Tiller au Kansas. Il a été tué alors qu'il venait de rentrer dans une église luthérienne pour participer à l'office de la Pentecôte. Ce médecin dirigeait trois cliniques qui pratiquaient des I.V.G. tardives et était la cible des militants " pro life ". En 1986, l'explosion d'une bombe avait ravagé une de ces cliniques. En 1993 il avait été blessé par balle aux bras et il a été tué le matin de la Pentecôte ! Comment peut on défendre la vie des tout petits en commettant un assassinat ? Les actes de violence verbale ou physique n'aident aucunement à résoudre les divergences. La non violence est plus que jamais d'actualité.

Hier soir, c'était la dernière séance de la " saison " du café interreligieux à Hérouville. Depuis le mois de Janvier, musulmans, réformés et catholiques , nous nous sommes retrouvés autour de thèmes de l'actualité. Certes, il y a les absents, certes nos trois communautés ne sont pas toujours très représentées, certes nous n'avons pas révolutionné la planète. Mais hier soir, nous avons pu nous mettre d'accord pour continuer en octobre . Nous ne le ferons que si nous nous respectons, et d'abord dans nos divergences, comme nous avons pu l'exprimer hier. S'il y a nécessité du dioalogue, c'est bien parce que nous ne sommes pas d'accord sur tout ! Oser le dire sans se juger, être curieux spirituellement des déclarations et des attitudes des autres , c'est un pas vers la paix, vers le respect, vers la justice.

La violence meut toujours ressurgir, tapie dans nos peurs. Osons nous respecter en nous parlant en vérité et l'incompréhension commencera à reculer.