jeudi 31 mai 2012

3 JUIN, fête de la SAINTE TRINITE.

Une semaine après la Pentecôte, la liturgie nous donne à fêter la Trinité, Dieu Père, Fils et Esprit. Tenter de parler de la Trinité ne consiste pas à discourir philosophiquement sur la nature et les trois personnes. Il s'agit encore moins de " tomber " dans un polythéisme déguisé, trois dieux à la place de l'Unique. C'est se risquer à dire quelques mots sur les fondements de notre Espérance.

" Que tes pensées sont pour moi difficiles,
Dieu, que leur somme est imposante !
Je les compte : plus nombreuses que le sable !
Je m'éveille : je suis encore avec toi. "

Ces versets du psaume 138 peuvent nous aider à " penser " la Trinité. Dire que Dieu est Père, Fils, Esprit est reconnaître que son mystère est insondable. Je ne peux définir la Trinité,  la mettre dans une formule. Tout le récit biblique m'indique que la fidélité, la bonté, la justice du Seigneur dépassent tout ce que je peux imaginer. Le Créateur de l'univers est le compagnon amical des douze, le condamné à mort du Golgotha, l'Esprit de justice, de pardon, de vérité toujours à l'oeuvre dans l'histoire des humains. Les pensées de Dieu, les pensées sur Lui sont de fait plus nombreuses que le sable, mais je ne suis pas perdu dans cette immensité. Je continue à Le chercher, à Le prier, à vivre de Son Espérance. Le mystère du Très Haut ne l'empêche pas d'être l'Ami Caché, cher à Jean de la Croix.

" Mon père et ma mère m'abandonnent ;
le Seigneur me reçoit."

Le psaume 26 chante l'absolue fidélité de Dieu à ses créatures. Il ne laisse pas de côté celui qui se retrouve totalement seul. Le Créateur n'est pas un principe physique, une énergie extraordinaire : c'est un Père amoureux des humains, ayant tellement confiance en eux qu'il leur laisse la création pour que la vie soit belle et bonne.  
Le visage de l'Eternel est celui du Fils, le Nazaréen notre compagnon d'humanité. Notre véritable credo s'écrit dans les actes et les paroles de Jésus.
Dieu nous laisse libres, mais il ne nous abandonne pas à " notre triste sort ". Son Esprit est en chacun de nous, le sachant ou l'ignorant . Il illumine notre condition lorsque la justice terrasse la résignation, que la joie l'emporte sur l'angoisse.

Dire la Trinité, c'est dire  Dieu tellement amoureux de nous qu'il a pris visage d'Homme.

INSTANTS de GRACE en PRISON.

Ce matin, à la maison d'arrêt, un détenu souhaite me voir au parloir pour me parler seul à seul. Je me doute que c'est important, mais je ne pouvais imaginer les raisons de cette entrevue.

" J'ai menti à tout le monde car j'ai tellement honte de ce que j'ai fait. Vous, je ne voulais pas vous mentir, alors voici les vraies raisons pour lesquelles je vais être jugé." Je le vois régulièrement, mais je ne pensais pas avoir créé avec lui un lien si fort pour qu'il se sente tenu de ne pas me mentir ! Cet homme, écrasé par le poids de la culpabilité tient à " faire la vérité " alors que je ne lui demandais rien. Moment de grande humanité et d'émotion dans cet univers carcéral où le mensonge règne. La fraternité naît là où il n'est pas toujours évident de la deviner.

Je pars ensuite faire des visites dans les cellules . Un détenu que je connais bien me réclame le psaume 22 ! qu'il a lu un jour et envoyé à sa soeur tellement il apprécie le texte. Il désire l'avoir pour l'apprendre par coeur et me récite le premier verset : " Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien." Nous parlons plus souvent foot que psaumes, qui aurait deviné ce coup de foudre qu'il a eu pour cette prière ?

Un surveillant me fait appeler pour rencontrer un détenu indigent et essayer de l'aider.

Il y a des matins où le soleil perce les barreaux .

vendredi 25 mai 2012

ESPRIT ES TU LA ?

Pentecôte, moment de révélation où les disciples osent parler ouvertement à Jérusalem de la résurrection du Nazaréen. Pentecôte, fête de l'Esprit de Dieu dans nos vies.

L'Esprit de Dieu nous fait sortir de nos maisons. Les disciples avaient peur, on les comprend, ils restaient entre eux. L'Esprit les déloge, les fait sortir à la rencontre des autres. C'est normal d'avoir peur. Peur de ne pas trouver les mots pour dire notre foi, peur de sortir des sentiers battus de notre église et de se faire rattraper par les autorités. Peur d'aller à la rencontre des exclus, des marginaux, des souffrants. Pourtant, comme les disciples, des hommes, des femmes sortent de chez eux, tel l'abbé pierre ce grand bourgeois lyonnais, pour annoncer sur la place publique que Christ est ressuscité et en vivre.

L'Esprit de Dieu nous permet de nous parler. Luc énumère les peuples de la terre, les Elamites, les Phrygiens...tous ces Juifs qui vivaient dans le bassin méditerranéen. Ils parlaient des langues différentes. C'est toujours le cas, nos classes, nos cultures, sans parler des nationalités, sont si différentes. Il n'est pas facile, ni naturel de se comprendre . Ce qui est essentiel pour l'un n'a pas de valeur pour l'autre. Pourtant l'Esprit est en chacun. La Bonne Nouvelle n'appartient pas à un peuple choisi, à une église, à une spiritualité . Elle peut se dire dans tous les pays de la planète. l'Esprit nous aide à entrer en relation avec ceux qui parfois nous semblent si étranges et étrangers.

L'Esprit est notre phare, notre étoile, notre boussole. Le Paraclet n'est pas un avocat parce que nous serions avant tout pécheurs. C'est un roc, un guide, un abri, une force qui me dit de ne jamais me résigner au pire, de toujours me battre pour l'homme, qui me répète inlassablement que la vie est plus forte que tous nos échecs et nos morts.

L'Esprit ne nous abandonne jamais, mais il nous laisse tracer notre chemin. L'Esprit n'a jamais quitté Pierre, André, Jacques, Etienne, Paul, mais la haine et l'injustice les ont tués. L'Esprit ne nous empêche pas de prendre nos responsabiltés, il est avec nous sur nos chemins.
Aujourd'hui contemplons tout ce qu'il y a de beau, de vrai, de bon, de juste autour de nous. Là est la trace de l'Esprit de Dieu sur notre terre.

vendredi 4 mai 2012

RIEN QUE DU BONHEUR .

Lorsque Jésus nous parle de Dieu, du Créateur, du Très Haut, du Tout Autre, il emploie l'image du vigneron et de sa vigne. Jean 15,1-18. Jésus décrit le travail du vigneron, nettoyant les sarments pour que le raisin soit bon et le vin un nectar délicieux. Le raisin et le vin ne sont pas des aliments " nécessaires ". Autrefois le prisonnier était condamné au pain et à l'eau et l'amoureux vit d'amour et d'eau fraiche ! Mais le Nazaréen n'est pas un ascète , partisan des mortifications extrêmes . Jésus a été traité " d'ivrogne et de glouton " à la différence de son cousin le Baptiste, prophète aux moeurs austères prés du Jourdain. Jésus s'est souvent invité à la table des pécheurs, à la noce à Cana et c'est lors d'un repas d'adieu qu'il partage le pain et le vin avec les siens.
Pour évoquer le projet du Créateur sur nous, Jésus n'hésite pas à évoquer le raisin, le vin, le plaisir des bonnes choses. Les textes de création ne cessent de répéter que Dieu nous a donné la vie pour être heureux sur cette terre . " Et Dieu vit que cela était bon."

Comment en sommes nous arrivés à cette présentation caricaturale de croyants tristes, austères, n'aimant pas bien la vie, ne parlant de leur espérance que les jours de malheur ou de repentance ? Comment en sommes nous arrivés à prêcher si souvent sur la souffrance et le sacrifice et à oublier le plaisir et la joie d'être aimés par le Seigneur.
Certes, la vie est souvent trop rude, Jésus le savait bien lui qui guérissait et qui exorcisait, mais son message est une BONNE NOUVELLE. Le Père ne veut pas que nous nous sacrifiions, mais que nous soyons debout, que nous vivions .Si nous trinquions à cette annonce ?