jeudi 27 novembre 2014

Nous as-Tu abandonnés ? Isaïe 63, 64. (30 novembre 2014)

Et si notre premier étape de l'Avent nous nous "lâchions" un peu devant le Seigneur ?
Isaïe écrivait bien :
"Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemins ?
Pourquoi laisser nos coeurs s'endurcir ?"

Pourquoi les guerres renaissent de leurs
cendres ?
Pourquoi le viol est une arme de guerre parfois ?
Pourquoi notre frénésie de consommation abîme à ce point notre terre ?
Pourquoi invoque-t-on ton nom pour tuer, pour dominer ?
Pourquoi ne fais-tu rien Seigneur ?
Es-tu insensible à notre détresse, oublies-tu les malheureux, les innocents?

Isaïe ajoutait :
"Personne n'invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi."
Aujourd'hui, dans les églises nous ne sommes pas nombreux et nous ne sommes pas très jeunes.
Les nôtres ne semblent pas partager ton espérance.
Nous revient souvent en mémoire l'évangile :
"Quand il viendra, le Fils de l'homme trouvera-t-il la foi sur la terre ?"
Nous sommes nous trompés, pourquoi la transmission semble en panne ?

Et si cette première étape de l'Avent était le moment
dans la foi, dans la prière, de dire à Dieu nos questions, nos tourments, nos angoisses,
nos révoltes, de lui crier nos incompréhensions, nos doutes, nos peurs.
Préparer Noël, c'est avoir assez de confiance dans l'Eternel
pour lui dire, lui confier, lui crier ce que nous avons sur le coeur.
Ayons assez de confiance pour le faire
car "c'est toi notre père. Nous sommes l'argile, c'est toi qui nous façonnes."
Bonne route vers la naissance de l'enfant.

J.T.

vendredi 21 novembre 2014

Finir l'année en beauté. Mt 25,31-46. (23 novembre)

Dans huit jours débute l'avent, nous sommes le dernier dimanche de cette année liturgique.
Les fêtes de fin d'année sont l'occasion de réjouissances, dans la liturgie également.

Ce texte de Matthieu résume le coeur de la foi de Jésus :
aimer Dieu, aimer l'autre, s'aimer soi-même ne font qu'un.
Ils sont légion ceux qui croient en Dieu et qui ne peuvent concevoir
que Dieu ait faim, froid, soit nu étranger, malade, en prison.
Comme ceux de l'évangile, ils font une distinction nette entre Dieu et nous les humains.
Dieu est Dieu et nous nous sommes sur la terre, tentant de Le prier et de vivre de Sa justice.
C'est déjà bien, mais de là à croire que l'Eternel nous aime tellement qu'il "prend notre peau",
il y a souvent un gouffre dans la foi du croyant.

Nous ne croyons pas en un Dieu, sens du monde, principe de la création,
idéal moral, sens spirituel de nos existences.
Nous croyons en un Seigneur qui s'intéresse à nous, qui nous aide, nous guide, nous tend la main.

Des siècles avant Jésus, Ezéchiel décrivait un Créateur qui se met à la place du berger,
qui remplace les prêtres, les prophètes.
Lui même l'Eternel s'occupe de la brebis perdue, de celle qui est blessée,
et aussi de celle qui est grasse et en bonne santé.
Le Créateur n'est pas une énigme philosophique,
Il est le Berger de l'humanité et reste Dieu tout en étant proche de nos vies, belles ou blessées.

Jésus s'inscrit dans la foi d'Ezéchiel.
Soulager celui qui a faim, celui qui va mal, c'est écouter, compatir, aider, se battre,
non pour gagner son ciel, mais pour soulager la misère.
Le malheur est profond, profond, profond chantait Aragon.
A nous de nous retrousser les manches pour le faire reculer.
Mais Jésus nous dit, aider l'autre, faire reculer la misère,
c'est là que nous rencontrons Dieu.
Le Père est au coeur de chaque vie, dans celle du malade comme du bien portant.
Aimer, aider l'autre, c'est dans le même temps aimer Dieu, le rencontrer.
La terre et le ciel se rencontrent, le Très Haut habite mes proches.
A moi de Le rencontrer lorsque je leur rends visite.

J.T.

jeudi 13 novembre 2014

Même pas peur. Mt 25,14-30 (16 novembre 2014)

Dans cette histoire racontée par Jésus, un serviteur est envahi de peur :
" Seigneur, je savais que tu es un homme dur. J'ai eu peur. "
Il craint que le talent confié soit un piège, alors il le cache puis le rend :
" Le voici. Tu as ce qui t'appartient. "
Cette peur de Dieu est trop souvent présente,
peur du jugement, peur de ne pas bien prier, de ne pas bien agir...

Et pourtant le Nazaréen nous apprend à abandonner nos peurs.
Il envoie ses disciples guérir, exorciser,
ils n'y arrivent pas toujours, mais peu importe.
Il n'a pas peur de nous offrir une Bonne Nouvelle.
Il leur confie le Notre Père, les associe à sa propre louange du Très-Haut,
même s'il connaît leurs faiblesses, leurs doutes, leurs trahisons.
Si Jésus n'a pas eu peur de nous donner sa prière, son espérance,
pourquoi aurions-nous encore peur d'un Dieu justicier ?

La Bonne Nouvelle nous est confiée, non pour la cacher dans un musée, dans un coffre fort,
mais pour la semer à tous les vents et faire la récolte.
Ne pas enfouir les talents, ne pas enfermer l'évangile dans nos sacristies,
c'est regarder avec bonté ceux qui ne vivent pas la famille comme nous,
c'est les accueillir à la communion sans rejeter quiconque le désire.
Le prochain synode va-t-il oser faire fructifier les talents ?
Ne pas enfouir les talents, c'est rencontrer, connaître tous les enfants d'Abraham.
Oser le dialogue, le respect, la reconnaissance
au lieu de se recroqueviller frileusement dans sa chapelle.
Ne pas enfouir les talents, c'est donner une réelle place dans nos églises
aux exclus, aux petits, aux malades, à ceux qui ne sont pas reconnus.

Il a tort ce serviteur de dire : " C'est ton talent, le voici. "
Dieu nous donne la force d'inventer, d'innover, de créer.
Arrêtons d'enfouir par peur et par paresse l'or que nous avons dans les mains.

J.T.

7 milliards 200 millions de Temples. 1 Cor 3, 9-17.

A l'époque du Christ, un dicton affirmait :
" Celui qui n'a pas vu le temple d'Hérode, n'a rien vu de beau dans sa vie."
Ce temple faisait cinq fois la surface de l'Acropole à Athènes.
Pourtant les Romains le rasèrent en 70, il n'a jamais été reconstruit.

Si Paul de Tarse était notre contemporain, il évoquerait les 7 milliards de temples,
chiffre actuel de la population mondiale.
" Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c'est vous."
Jésus avait dit à la femme de Samarie que l'essentiel était de prier Dieu en vérité,
à Jérusalem, en Samarie ou ailleurs, peu importe.
Le Galiléen a chassé les commerçants qui avaient transformé le Temple en une grande surface.

Il a alors révélé que le véritable temple, c'était Lui.

Croyant au Christ relevé du tombeau, Paul écrit que l'Eternel demeure en chacun de nous,
nous les humains sommes le lieu où Dieu se blottit pour que notre prière et notre justice Le révèlent autour de nous.
Nos plus belles cathédrales, nos merveilleuses chapelles romanes ont moins de valeur que nos vies.

" Ce temple, c'est vous. "
Dieu est aussi proche de ceux qui croient en Lui que de ceux qui L'ignorent ou Le moquent.
Il est le Créateur de tous et ne classe pas les gens entre croyants et incroyants.
Chaque existence est sacrée, à nous de tenter de vivre le respect de l'autre, de celui qui ne pense pas, ne croit pas comme nous.

" Ce temple, c'est vous. "
Trop souvent nos vies sont blessées, défigurées, pas belles à regarder.
Pourtant nous demeurons le temple de Dieu malgré nos errances, nos limites, nos faiblesses.
Jésus allait à la rencontre des malades, des exclus, des parias.
Soyons des artisans qui essaient de réparer, redonner vie, joie, allumer la lumière dans les yeux de ceux qui pleurent.
Nos temples, nos vies sont fragiles, nous devons en prendre soin.

" Ce temple, c'est vous. "
L'Eternel est présent à notre prière, aussi timide ou maladroite soit-elle.
L'Eternel nous connaît, ne nous juge pas, nous espère.
Un jour nous vivrons dans Sa Lumière, lui qui est le Temple de la résurrection, de l'avenir, de l'espérance.

J.T.
9 novembre 2014