mercredi 25 avril 2012

LA FOI REND ELLE HEUREUX ?

Hier, le café interreligieux d'Hérouville débattait de ce sujet : la foi rend elle heureux ?


Il me semble , d'abord, que la foi n'est pas une thérapie, n'est pas une sagesse pour chasser les peurs et les angoisses. Méfions nous des pieux conseillers ! " prie et cela s'arrangera ". La prière n'est pas une démarche thérapeutique et les difficultés de l'existence sont parfois très lourdes.
La foi n'est pas non plus une méthode, une sagesse, un entrainement pour mieux respirer, être conscient de toutes les dimensions de notre réalité. La foi ne fait pas concurrence aux diverses sagesses qui peuvent nous aider à aller bien, ou moins mal. La foi en Dieu n'est pas un passeport vers le bonheur. Job et bien d'autres croyants sincères sont parfois submergés, hélas, par le malheur. Il est donc possible d'aller mal, physiquement, psychologiquement, socialement, de ne pas savoir ce que c'est qu'être heureux, et d'être un authentique croyant. La foi n'est pas réservée à une élite qui atteindrait un équilibre de grande sagesse.

Ceci étant dit, chaque participant hier soir a évoqué la paix, la sérénité, la joie. La foi en Dieu peut donner une grande paix, même au milieu des pires difficultés de l'existence. Croire que Dieu n'est pas un idéal moral, une réponse philosophique mais Celui qui me connaît, qui m'aime, qui m'espère est un immense réconfort. Croire que le temps que je passe à Lui parler, à Le prier , n'est pas une méthode coué, un entrainement pour être zen, mais un moment d'amitié entre le Créateur et moi procure une grande joie. Le croyant que je suis n'est pas plus zen, plus équilibré, plus heureux que mon voisin athée, agnostique. Mais la confiance en un Dieu proche, ami et non juge tout puissant, cette confiance donne un grand bonheur. Au fil des ans, cette confiance, c'est à dire cette foi, creuse un chemin de paix dans mon existence. Croire en la résurrection du Nazaréen, croire qu'il est possible, dès cette terre, d'ouvrir des chemins de justice, de paix m'aide à vivre et non à survivre . Irénée écrivait : " La vie de l'homme, c'est  de voir Dieu ". Le combat pour la justice et la vie de prière me font vivre dès maintenant dans la lumière du Très Haut, même si ma vie , comme la vôtre, est aussi parfois douloureuse. La paix que donne la foi est plus forte que mes propres difficultés.   

mardi 24 avril 2012

LA TRACE DE NOTRE VIE. LUC 24,35-48.

En ces temps de Pâques, les évangiles nous parlent des apparitions de Jésus aux disciples pour en saisir l'originalité, il est parfois bon d'entendre d'autres voix.

François Hollande, dans La Vie, dit des " forces de l'esprit " chères à Mitterand : " Ce n'est pas forcément un acte de foi religieux. C'est penser qu'il y a une dimension qui nous échappe, que nous devons nous dépasser nous mêmes. Chaque individu laisse une trace, au delà de sa seule descendance. Nous sommes davantage qu'un temps de vie."

Il est bon de nous rappeler que parler de spirituel, de l'homme qui dépasse l'homme, n'entraîne pas nécessairement la foi en Dieu, en l'Autre. Non pour juger, cataloguer, mais pour tenter de bien se parler en comprenant ce que les mots disent. Ce que dit le candidat, c'est que l'idéal humain peut nous entraîner à nous dépasser. C'est Camus dans La peste, c'est le meilleur de l'humanisme.

Les évangiles nous disent bien plus. L'homme n'est pas que l'homme. Il est une étincelle de Dieu dès cette terre. Toute vie humaine est illuminée par l'Esprit de Dieu, que la personne y croie ou non, entretienne cette lumière ou l'éteigne.
C'est dans notre humanité que Dieu est, qu'Il se laisse discerner. Les textes de résurrection ne parlent pas de la récompense des bons et de la punition des méchants. Ces textes ne sont jamais associés aux textes de jugement dernier. Ils tentent de nous dire que Jésus ressuscité est vraiment celui qu'ils ont connu, mais vivant d'une vie autre qui ne meut jamais.
Nous aussi, Dieu nous aime assez pour que nos vies, nos traces, nos personnes vivent avec Lui, Le voient.
Croire au Dieu de Jésus nous entraîne à laisser une trace de bonté, de paix, de justice et nous fait espérer que c'est cette trace même qui nous fera vivre dans le mystère de Celui que nous ne voyons pas mais que nous désirons rencontrer à la suite du Nazaréen.

vendredi 13 avril 2012

CASSER NOS PEURS. Jean 20,19-31.

" Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des juifs."
Jésus entre, leur apparaît. Et lorsqu'il revient pour parler à Thomas, c'est toujours le même scénario : " Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées."

C'est la première fois que je remarque cette insistance de Jean à parler de la peur des disciples.
Nous les comprenons bien. A la suite de leur Maître, ils risquaient l'arrestation. Nous aussi, nous avons nos peurs : des autres, de nous même, de la maladie, du chômage...

Et si notre principale peur était autre ? Nous qui nous disons croyants, disciples du Nazaréen, ne verrouillons nous pas nos vies à la tendresse de l'Eternel pour chacun de nous ? Cela nous semble parfois si impossible à croire que nous refusons de dire que le Seigneur a de l'attention pour chacun de nous .
" Que je marche ou me repose, tu le vois Seigneur.
Tous mes chemins te sont familiers." Psaume 138.
Ce verset qui narre l'attention amicale nous le transformons parfois en regard du geôlier pour le détenu !
De fait, déçus par des proches, nous peinons à croire que le Père du Nazaréen nous connaît, nous aime et ne veut qu'une chose : que nous vivions dans sa lumière.

Ne verrouillons pas nos vies, parce que nous souffrons, à sa paix, à son espérance. La foi ne remplace pas le médecin, ne donne pas un travail, n'empêche pas la souffrance.
Mais si la vie de prière est au coeur de notre existence, pas pour demander, pour parler à Dieu comme à un ami proche, si ce rendez vous est le grand moment de notre journée, alors la paix, l'espérance de Dieu nous aident à déverrouiller nos vies.

Croire que le Seigneur ne nous abandonne jamais, croire que je peux L'aimer et non seulement croire en Lui, peut donner une joie une lumière qui brisent les verrous de nos peurs.















vendredi 6 avril 2012

" IL VIT ET IL CRUT." Jean 20.

Jésus, leur ami, leur guide, leur rabbi est mort le vendredi après midi comme un malfaiteur.
Marie de Magdala, une femme de leur groupe, est venue les prévenir. Le corps du maître a disparu. il a été enlevé . Par qui ? Personne ne sait.
Alors les deux disciples se rendent à leur tour au tombeau. Les linges sont là mais le tombeau est vide. La mort a disparu.
L'un des deux vit et crut.

Il voit l'ouverture du tombeau, il voit le soleil, l'avenir, l'horizon et non le cadavre de Jésus.
Il revoit Jésus s'invitant chez Zachée, ce collaborateur, ce voleur, partageant son repas et lui ouvrant un avenir autre que le vol.

Il revoit Jésus discuter avec un centurion romain choqué par la maladie grave de son esclave. Il lui rend la paix, la joie et guérit cet homme.

Il revoit Jésus, entouré d'Elie et de Moïse, dans une blancheur céleste, leur partager sa proximité avec l'Eternel.

Il revoit Jésus à Cana, heureux de vivre, de manger, de boire à la noce du village.

Il voit le tombeau vide. La mort n'est plus là. Elle est vaincue.

Nous aussi, sachons regarder dans notre quotidien ces instants de lumière, de vie, de résurrection, qui nous sont donnés gratuitement.
La fidélité d'un ami, la prière des moines, le dévouement près de ceux qui n'arrêtent pas de rechuter.
A la suite de Jésus, des hommes, des femmes, croyants ou non, nous révèlent chaque jour que la mort est vaincue, que la Lumière du Très Haut est la vérité de notre existence.
Bonne fête de la résurrection.

" Christ est ressuscité. Il est vraiment ressuscité." comme le disent les orthodoxes le jour de Pâques !

dimanche 1 avril 2012

RAMEAUX 2012.

Ce matin va être lue dans toutes les églises du monde la Passion selon Marc.
Je voudrais retenir deux figures dans ce récit des derniers moments de Jésus.

" Jésus se trouvait à Béthanie, chez Simon le lépreux. Pendant qu'il était à table, une femme entra, avec un flacon d'albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête."
Jésus est à Béthanie, l'étau se resserre, dans quelques heures il sera arrêté. Une femme, dont on ne sait le nom selon Marc, pense à le parfumer. geste dérisoire, diront certains, irréaliste, inutile.... Et si cette femme nous rappelait que la beauté ne disparaît jamais même dans les pires moments de l'existence. Souhaitons nous de connaître de telles personnes toujours attentives au plus tendre de l'humain. Imitons les.

" Puis ils l'emmenèrent pour le crucifier, et ils le réquisitionnent, pour porter la croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d'Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs."
Jésus va être crucifié. Simon rentre du travail. A-t-il entendu parlé du Nazaréen ? Personne ne le dit. Peu importe, il se trouve sur son chemin, il va aider Jésus à porter sa croix.
Un inconnu a croisé notre vie. Il est devenu un ami. Il est toujours là, même aux pires moments. Il ne fuit pas.
Combien de Simon anonymes qui ne laissent pas seuls ceux qui vont mal, très mal. Combien de Simon anonymes qui ne se résignent pas au malheur des autres ! Savons nous les voir et leur dire " Merci." ?