dimanche 22 mars 2009

ABBAYE d' ACEY.

Je serai cette semaine à l'abbaye cistercienne d' ACEY dans le Jura. Depuis plusieurs années, je vais deux semaines par an dans cette abbaye proche de Besançon. Je vous invite à la découvrir grâce à internet en tapant le site : abbaye acey. La visite en vaut la peine !

samedi 21 mars 2009

JUSTICE pour DIEU.

L'évangéliste Jean évoque souvent le jugement de Dieu et ces termes font peur. ( 3,14-21 ). La scène du jugement dernier est sculptée au portail des cathédrales, comme s'il était nécessaire de faire peur pour que nous devenions croyants. Dans " le Roman de la Rose ", le vieux moine cache le livre d'Aristote sur le rire, car si ses frères rient, deviennent insouciants, ils n'auront plus peur du jugement de Dieu et la foi se perdra. Cette peur de Dieu est comme inscrite dans le cerveau de nombre de croyants. Je me demande si nous ne projetons pas notre culpabilité, notre appréhension de l'avenir, de notre propre liberté sur la religion pour transformer le Père de Jésus en un Seigneur sadique et pervers.

" Le jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises ." Rendre la justice, c'est tenter de faire la vérité et l'évangéliste Jean nous éclaire ! Le jugement de Dieu n'est pas un interrogatoire policier, une enquête à charge du juge d'instruction. C'est le dévoilement de toute la trame de notre vie. " Notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît toutes choses." 1 Jean 3,19. Le Très Haut dévoilera la lumière de notre vie, avec ses heures de plein soleil et ses jours obscurs, nous connaissant et nous aimant comme un Père aime ses enfants.

Matthieu, au chapitre 25, nous raconte l'étonnement et l'incompréhension des " élus ". Ils ne pensaient pas contempler l'Eternel en donnant du pain à celui qui a faim. Le jugement porte sur notre qualité d'amour, de justice, de compassion, que nous croyions en Dieu ou non, que la quête du Dieu du Nazaréen soit au coeur de notre existence ou que nous nous en moquions totalement.

Les Evangiles ne cessent de nous dire de ne pas croire en un Dieu qui ferait peur, qui jugerait sévèrement l'humanité. Dieu n'est pas répressif, inquisiteur. Il nous a donné sa Lumière pour éclairer nos vies de son Espérance et de sa Liberté. Il nous demande seulement de laisser sa Lumière illuminer nos chemins pour que l'obscurantisme religieux, l'injustice, la quête effrénée du pouvoir ne soient pas les idoles de notre temps.

S'il y en a un dont nous n'avons pas à avoir peur, c'est du Très Haut, celui qui confie à Moïse : " J'ai vu, j'ai vu la misère de mon peuple."

mercredi 18 mars 2009

Ma FEMME n'en PEUT PLUS de cette EGLISE.

C'était votre réaction la semaine dernière, je l'ai lue, je la comprends et je voulais simplement ce matin vous écrire et non vous faire la leçon ou vous donner les " bonnes réponses ." Je pense aussi à vous qui avez écrit que l'église va " se fracasser à toute vitesse dans le mur ".

C'est normal et sain de crier sa colère, de ne pas se taire lorsque les responsables de notre église ne savent que proférer des condamnations inhumaines à Recife, ne se soucier que des " déviances liturgiques " qui auraient fait perdre le sens de la recherche de Dieu, débuter le voyage au Cameroun en parlant du préservatif. Disciples du Nazaréen , mort injustement sur la croix romaine, relevé des morts par le Père, amoureux de la Vie, de la Force, de l'Espérance du Très Haut, comment notre église peut elle redevenir si dure, si inhumaine ?
Crier sa colère, sa révolte, sans se prendre pour des prophètes ! c'est être fidèle à la colère biblique de tous ceux qui ont condamné les caricatures que les croyants donnaient de leur Créateur. N'oublions pas d'être aussi exigeants avec nos propres actes et paroles, pour ne pas tomber dans le piège des " purs et durs ".

Vous faites partie de ceux qui se demandent quelle mauvaise nouvelle va encore parvenir de Rome ou d'un autre évêché en lisant le journal. Beaucoup, à partir de là, partent sur la pointe des pieds en se taisant. C'est respectable et compréhensible. Pourquoi rester en église et ne pas tenter sa " démarche spirituelle individuelle " ?

Je ne suis qu'un croyant parmi tant d'autres et dire " je " est le signe de la modestie et non de la prétention.
L'église est ce groupe qui m'a transmis le Premier Testament et le Nouveau Testament, cette Parole, et non ces livres, qui me permettent de croire que la Vie du Ressuscité inonde de la Lumière du Très Haut notre terre pour que nous en faisions une terre belle et hospitalière.

L'église est ce moment où je célèbre l'eucharistie à la maison d'arrêt de Caen, y prenant conscience que Dieu accueille la prière de tous ceux qui se tournent vers Lui quels que soient leur vie et leur itinéraire.

L'église est la réunion d'hommes et de femmes qui partagent la lecture de la Bible, la prière pour être témoins de la Vie plus forte que la mort dans l'actualité de notre société.

L'église est la famille de François d'Assise, de Thérèse d'Avila, de Helder Camara, de l'abbé Pierre, de Ghislaine, de Patrice, de Bertrand et de tant d'autres qui sont pour moi des signes de la présence du Vivant parmi nous.

Et vous, pourquoi restez vous dans l'église ?

samedi 14 mars 2009

DIEU ne s'ACHETE PAS !

Jean raconte dès le début de son récit l'épisode de Jésus au Temple, 2,13-25. Le prophète nazaréen, loin des clichés religieux du petit Jésus doucereux et gentillet, chasse les vendeurs du Temple de Jérusalem. " Il fit un fouet avec des cordes." Le très Haut ne s'achetait pas avec des sacrifices de viandes il y a deux mille ans, pas plus qu'avec des cierges aujourd'hui. Jésus rappelle brutalement l'interdiction de mêler nos petits trafics avec la recherche de DIEU.

C'est toujours d'actualité, et pour chacun de nous. Nos " sacrifices de viandes, nos cierges " , ce sont peut être nos résolutions nos efforts : si je fais telle chose, Dieu exaucera ma prière ! Le rapport marchand dépasse les simples histoires de sous ! Jésus ne cesse de nous dire que nous n'avons pas à avoir peur du Père. Il nous connaît, nous aime, sait nos forces et nos faiblesses. Il ne nous demande pas des efforts, des sacrifices, des prières pour l'amadouer. Il désire que nous entrions dans sa Lumière pour en illuminer nos existences.

L'évangéliste Jean nous révèle que le véritable Temple, le seul, c'est Jésus. " Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps." Pour les amoureux du Christ, il n'est pas de terre sainte, de lieux saints, seul DIEU est Saint et chacun de nous à sa suite. Le Temple, le lieu de la prière, de la communauté, de la révélation, c'est l'existence des hommes, des femmes quelles que soient leur foi, leur vie, leur morale. Chacun, chacune est aimée de son Créateur. Alors, respectons la dignité de chacun par la justice et la compassion. Toute vie est sacrée, elle n'a pas de prix. Elle ne peut être marchandée. La Justice économique doit respecter la dignité de chacun. Puisse la crise actuelle chasser tous ceux pour qui la recherche du pouvoir, de l'argent fou cassent la dignité de tous ceux qui en font les frais.

mercredi 11 mars 2009

ARRETEZ le MASSACRE.

J'ai lu cette semaine l'annonce triste et inhumaine de l'excommunication d'une petite fille brésilienne. Elle a neuf ans, a été violée depuis des années par son beau père, s'est retrouvée enceinte de jumeaux. L'évêque de Recife, dans la ville d'Helder Camara ! a excommunié la fillette, sa mère et les médecins, mais pas le beau père ! au nom de " la loi de Dieu contre la loi des hommes."

Lorsque les religions, la nôtre ou d'autres, deviennent inhumaines, ajoutent de la souffrance aux drames de la vie, il faut les condamner sans appel. Il n'est pas possible de lire les actes et les paroles du Nazaréen et de massacrer des gens accablés par le malheur. Honte à cet évêque !

Cette semaine, la musique évangélique, je l'ai entendue à la Maison d'Arrêt de Caen. Je discutais avec un détenu qui m'expliquait que tel étage était réservé aux " pointeurs ", les auteurs de délits ou crimes sexuels.
" Je ne leur parle pas, je ne les fréquente pas, me disait il..................sauf à la messe. "
" La messe est le seul moment qui me rappelle l'extérieur, on y va le dimanche matin comme les autres dehors. C'est pareil. Alors là, je leur serre la main, car c'est Dieu qui nous réunit." A la différence de l'évêque de Récife, cet homme, ni meilleur ni pire que d'autres, avait compris que l'Amour du Très Haut dépasse tous nos clivages, tous nos jugements.

samedi 7 mars 2009

Il ne savait que dire.

Deuxième étape vers Pâques, deuxième dimanche de carême, le lecteur religieux attend des textes de morale, d'effort, de conversion. Surprise, Marc ( 9, 2-10) nous raconte une " histoire in - croyable ! ", un moment de bonheur absolu, de révélation, un instant privilégié où le temps suspend son vol. Pierre, Jacques et Jean sont éblouis, émerveillés en voyant leur Rabbi transfiguré. Avec Moïse et Elie, le Nazaréen leur fait " toucher " l'Eternel. Marc ajoute " qu'une voix se fit entendre : " celui-ci est mon Fils bien aimé. Ecoutez le." Il ne précise pas si les disciples ont entendu la voix ou seulement Jésus. Peu importe, l'évangéliste nous donne à lire, à contempler, à aimer un moment de bonheur où trois Galiléens ont un peu mieux approché le mystère de ce Jésus qui les fascinait.

C'est ce texte de grande révélation que la liturgie nous donne à écouter pour le carême. Ce choix est judicieux et peut éclairer notre route. Le carême, dans sa recherche de prière, de justice, de jeûne n'est pas une ascèse pour être pur , parfait. C'est un moment privilégié pour contempler la croix qui est nue, le tombeau qui est vide, pour vivre au quotidien la Vie, la Force , la Justice du Ressuscité.

Texte déroutant, étrange, irrecevable ? Non, la transfiguration de Jésus nous renvoie à nos instants de transfiguration, à nos moments de paix, de bonheur où le quotidien s'illumine. Regarder pour la nième fois l'église d'Auvers sur Oise de Van Gogh, prendre dans ses bras ce bébé qui vient de naître, se faire arrêter dans la rue par cet ancien détenu qui me reconnaît et qui va bien. Qui ne connaît ces instants où la terre et le ciel s'embrasent d'un soleil inconnu ? Cultivons ces moments pour ne pas trébucher lorsque, comme les disciples, nous avons à redescendre de la montagne pour vivre dans la plaine.

mardi 3 mars 2009

La PEUR comme religion.

Dans l'église catholique, les intégristes font parler d'eux ! Aujourd'hui les journaux mentionnent leur refus réitéré du Concile Vatican II. La position intégriste est une requête d'identité fondée sur la peur de l'autre. Leur refus du dialogue oecuménique entre chrétiens d'églises différentes, leur refus de l'échange avec d'autres religions , se fondent sur leur peur de la liberté de conscience. Mgr Lefevre, leur ancien chef de file, a toujours récusé cette affirmation centrale de Vatican II : la liberté de croire ou de ne pas croire pour chaque être humain. Ce principe incontournable nous rappelle que la foi religieuse, comme l'amour, comme l'amitié ne peut être imposée . Elle n'est pas sans la liberté de celui qui la reçoit.

Les intégristes ont peur que les croyants perdent leur âme en dialoguant avec d'autres. Leur peur est entretenue par la mouvance du new age qui prône une recherche spirituelle, et non religieuse, individuelle en " faisant son marché " dans les grandes religions et sagesses. Je choisis ce qui me plaît dans l'Islam, dans le Bouddhisme.....

Mais pourquoi se laisser guider par la peur de l'autre ? Pourquoi croire que mon espérance ne peut exister que si je la barricade dans un coffre dont je suis le seul à connaître la clé ? Hier , à Hérouville, le café interreligieux du mois de Mars a permis un dialogue entre musulmans et catholiques. S'écouter, discuter, dire publiquement ses accords et ses divergences, ce n'est pas ignorer les frontières de chaque religion. Au contraire ! Je suis chrétien , dans l'église catholique, et je ne perds pas mon identité en parlant avec d'autres. Le dialogue , nécessaire mais pas toujours simple, est fondamentalement l'affirmation que je respecte les chemins des hommes de bonne volonté qui sont dans la quête de Dieu, dans d'autres traditions que la mienne. Abraham, l'ami de Dieu, le seul personnage de la Bible qui soit appelé ainsi ! est reconnu comme le père des croyants. A sa suite, essayons ensemble de mieux nous connaître, nous comprendre pour toujours purifier notre propre recherche de l'Eternel par la rencontre d'autres croyants.

Si la question des intégristes n'était que celle du latin, elle serait simple à régler. Il s'agit de bien autre chose : le refus de la foi imposée par un groupe et la reconnaissance que les chercheurs de Dieu peuvent se parler, se respecter et non avoir peur les uns des autres.