vendredi 29 janvier 2010

PAUL : un AMOUREUX ?

Paul est un personnage entier, au caractère bien trempé. Les Actes des Apôtres nous disent qu'il s'est séparé de la grande majorité de ses collaborateurs, tant il devait être facile à vivre ! Ayant rencontré il y a une vingtaine d'années le secrétaire de l'abbé Pierre, il m'avait confié qu'il n'était pas toujours simple de travailler avec un prophète ! Paul a commencé par persécuter les chrétiens avant de se convertir sur la route de Damas et de créer les premières communautés chrétiennes dans le bassin méditerranéen. Sa vie a été rude, affrontant les tempêtes, traversant à pied la chaîne du Taurus en Turquie. Ses propos sont souvent forts et rudes. Il est important de le connaître un peu pour apprécier ses écrits au chapitre douze de la première lettre aux Corinthiens.


" J'aurais beau avoir la foi jusqu'à transporter les montagnes, s'il me manque l'amour, je ne suis rien."

Il ose reprendre une parole de Jésus, lui l'homme de foi, le converti, pour affirmer que la foi sans l'amour n'est que fanatisme. L'actualité nous le démontre au quotidien, hélas.

" J'aurais beau me faire brûler vif, s'il me manque l'amour, cela ne sert à rien."

Paul , comme un certain nombre de premiers chrétiens est mort martyr. Il devait bien pressentir que la Parole de Dieu le mènerait peut être jusque là.


Ces mots ne sont pas ceux d'un illuminé, d'un apôtre doucereux et gentil, d'un chercheur de concensus mous, de lâches compromis. Paul, ce prophète de chair et de sang, cet homme rude, ce Juif " à la nuque raide " avait compris que l'amour, l'amitié, la compassion, la justice, l'empathie sont les plus beaux rayons de la lumière de l'Eternel. Il ne s'agit pas tant de croire en Dieu que de Le désirer, de L'aimer pour que notre terre soit apaisée, ensoleillée, fraternelle.


mardi 26 janvier 2010

Le voile : de son bon usage !

Plutôt que de se lamenter, de pleurer " le bon vieux temps ", de préconiser les " y a qu'à " !!!, si le débat actuel sur le voile dit musulman nous permettait de réfléchir sereinement, intelligemment à partir de cette réalité sociale très minoritaire.

De que voile s'agit il ? le Hijab dissimule les cheveux et le cou de la femme, mais pas le visage. Le Niqab , est ce voile intégral qui ne laisse apparaître que les yeux. C'est l'Islam wahhabite d'Arabie Saoudite qui a recommandé le port du Niqab. L'Arabie Saoudite, grande alliée des Occidentaux, échange Niqab et recommandations intégristes contre pétrole ! Dans le débat français, ne parlons pas de la Burqa afghane alors qu'il s'agit du Niqab. Sachons de quoi nous parlons, sinon comment pourrons nous être pris au sérieux ?

S'agit il d'une question religieuse, sociale, sexiste ? Lorsque nous discutons avec les représentants de l'Islam, ils nous répètent tous que cette question du voile intégral ne vient pas du Coran mais de pratiques sociétales. Pourquoi alors des prédicateurs intégristes se saississent de cela pour accroître leur influence ? Pour répondre aux peurs de certaines femmes devant l'exploitation de leur corps dans la publicité ? Pour donner des repères très forts pour les relations humaines ?


Le voile intégral cache-t-il en fait la question sociale ? Lorsque le travail n'est qu'un mirage, que les minima sociaux sont le lot habituel, que l'habitat n'est pas décent, ne faut il pas trouver une colonne vertébrale dans des comportements dits religieux?

Le débat actuel sera utile s'il permet de mieux connaître la religion des autres ! s'il permet de réfléchir à la réalité sociale des religions . Les fêtes fériées en France ne doivent elles être toujours que d'origine chrétienne ? Il sera intelligent s'il va jusqu'au bout de la question : pourquoi avoir peur du visage de l'autre ? Est il possible de communiquer en se voilant ? Certains ordres religieux féminins ont connu cela avant le concile. N'oublions pas que c'étaient toujours des hommes qui leur imposaient leur tenue , les Carmes pour les carmélites, par exemple.

Se voiler la face, n'est ce pas une manière de dévoiler ses peurs ? Ne pourrions nous pas vivre sans avoir toujours peur des autres ?

Bonne discusion en famille, entre amis................ne laissons pas le débat aux seuls " experts". a

samedi 23 janvier 2010

AUJOURD'HUI !

Lorsque Luc commence le récit de la vie de Jésus en Galilée, au chapitre quatre, il présente le Rabbi dans la synagogue de Nazareth, le village familial. Jésus lit un passage du prophète Isaïe : les pauvres entendent l'Espérance de Dieu, ils n'en sont pas exclus, les aveugles découvrent la lumière, les opprimés goûtent la liberté, la vie debout. Comme tout commentaire ! le charpentier de Nazareth déclare que la prophétie se réalise aujourd'hui en lui, dans ses actes et dans ses paroles. Au début de sa vie publique, Jésus annonce qu'il va partager la vie du Très Haut avec les petits, les exclus, les marginaux, les pécheurs pour bien montrer que la Justice, la Vie de Dieu peuvent éclairer dès maintenant notre terre.

Aujourd'hui, pas demain dans les cieux, pas demain pour la récompense des justes et des bien pensants. Aujourd'hui dans notre actualité trop souvent triste et résignée. Aujourd'hui, dans notre pays comme à Haïti et partout dans le monde, nos actes signifient ou non la justesse de la Bonne Nouvelle de Dieu. Il ne suffit pas de dire Père, Père...il faut montrer par nos actes la justice, la bonté, la compassion du Créateur. A nous d'avoir l'intelligence et le courage de trouver de nouvelles manières en église pour que l'Espérance de Dieu parvienne aux oreilles et aux coeurs des marginaux de notre société.

Aujourd'hui, nos vies éclairent ou non la foi en la résurrection. Si notre plus grand désir est de connaître l'Eternel, de Le voir face à face, de vivre pleinement dans Sa lumière, si nous sommes " amoureux " du Très Haut, Jésus nous fait comprendre que la résurrection éclaire, dès maintenant, nos actes et nos paroles. Je nous souhaite assez de foi et d'inventivité pour trouver de nouveaux chemins pour annoncer la Bonne Nouvelle aux jeunes, aux marginaux, à nos proches, à nos amis. Créons des temps, des lieux de parole pour faire goûter le bon vin de l'Evangile. Aidons nous à vivre de sa Justice et à prendre le temps de la contemplation. N'oublions jamais l'essentiel : la foi, la prière, la vie de Jésus.

mercredi 20 janvier 2010

OSONS DISCUTER.

La semaine dernière je présentais le nouveau café philosophique qui débute ce soir sur " le croire ou le non croire ....en qui...en quoi ? " Jamais, depuis plus d'un an, il n'y a eu tant de réactions ! neuf ! Certes la discussion n'est pas simple : la violence suscitée par les religions, le célibat des prêtres...la morale prônée par le pape, la grandeur ou la petitesse de Dieu, tout est sorti en vrac. Certains y verront un signe supplémentaire pour ne pas parler, pour enfermer la foi dans l'intime conviction personnelle. Pourquoi essayer de susciter des discussions si les mêmes anathèmes reviennent toujours ? Le débat ne creuse -t-il pas encore plus le fossé entre les humains ?



Au contraire, je crois qu'il faut encourager les débats, les discussions entre religions différentes, entre religieux, athèes, indifférents....Il faut sans doute accepter dans un premier temps qu'un peu " de vaisselle soit cassée " , sans se blesser ! Il faut accepter que les vieilles rancunes et rancoeurs sortent. Alors, peut être ! peut naître un temps, un moment où chacun , soulagé de ses blessures , peut exprimer le meilleur de son désir, de son espérance sans avoir peur de l'autre, sans chercher à convaincre l'autre. Se parler simplement pour parvenir à écouter ce que l'autre ne dit pas. Sa musique plus belle et plus forte que ses propres mots. Osons continuer le débat.

vendredi 15 janvier 2010

HAITI........CANA.

Pourquoi ce titre, ce rapprochement entre Haïti et Cana ? Parce que ce dimanche, dans toutes les églises du monde, la tragédie des Haïtiens va être évoquée, comment ne pas en parler ?, et que sera lu l'évangile de Jean sur le signe de Cana.

Haïti : dictatures, corruption, violence, extrême misère, déchainement des éléments naturels, les cyclones, le tremblement de terre. Des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de sans abri. L'horreur absolue. Nombreux seront ceux qui du fond de leur coeur ne pourront pas croire en un Dieu qui laisse la tragédie devenir le seul horizon des habitants de cette île. " S'il y avait un Bon Dieu, il y aurait moins de malheur." C'est la réaction d'amis, de proches, elle est profondément respectable et nous devons l'entendre.

Face à cette actualité si sombre, que peut signifier Cana ? Un tour de magie, un conte merveilleux pour les petits enfants et les vieillards , une histoire scandaleuse et sans intérêt par rapport à l'actualité ?

Jean situe le premier signe de Jésus dans une bourgade de Galilée, dans un trou perdu. Le Nazaréen donne à boire aux invités de la noce , du très bon vin, pas de la piquette ! Il partage la joie de deux jeunes mariés et de leurs familles. C'est le seul endroit où Jean écrit de Jésus : " Il manifesta sa gloire ." Le charpentier exprime la gloire du Très Haut en contribuant au bon déroulement d'une noce villageoise.

Haïti est un des pays les plus pauvres de la planète. Une simple bourgade sur la mappemonde. L'évangile ne nous dit surtout pas, comme un fameux téléévangéliste américain, que les Haïtiens seraient punis parce qu'ils auraient pactisé avec le diable. Tous les actes et les paroles du Christ nous incitent à tout faire pour que ces malheureux aient le droit à une vie véritable où le bon vin puisse un jour réjouir leur coeur. L'assistance, la solidarité, la justice doivent être assez fortes pour que la vie soit un jour belle et bonne sur cette île si meurtrie. Le bonheur et le bon vin de Cana , c'est le désir du Père pour ses enfants si malheureux. A chacun, à son niveau de responsabilité, d'apporter les jarres de la vie et de l'avenir.

mercredi 13 janvier 2010

PRENDRE le TEMPS de la DISCUSSION.

Cette semaine, un ami engagé dans le dialogue avec les Musulmans, me confiait ses doutes , ses questions, les siennes et celles de ses proches. Faut il continuer à dialoguer, faut il prendre des initiatives pour faire connaissance lorsque l'actualité semble nous dire le contraire ? Ces derniers jours, des Coptes ont été tués en Egypte, un prêtre à Tunis , des églises ont été incendiées en Malaisie . Le mot arabe " Allah " a été interdit d'utilisation aux chrétiens ! dans cette même Malaisie. Tous ces évènements , trop fréquents , doivent nous inciter à la réflexion, à la discussion. Ne nous laissons pas dominer par l'émotion et par la pseudo actualité de l'immédiateté qui ne fournit aucune clé d'interprétation. Quelles sont les raisons véritables de ces actes ? Religieuses, économiques, politiques ? S'agit il d'une conspiration mondialisée de l'Islam ? Mais alors, pourquoi oublier que tous les attentats font d'abord des victimes chez les populations musulmanes, en Afghanistan, au Pakistan ?

Lorsque la tempête se lève, il faut réfléchir et se demander si nos pieds sont posés sur de la terre ferme ou sur des sables mouvants. La discussion, l'échange, le débat permettent d'entendre d'autres opinions que les miennes et de me faire mon propre jugement. En ces temps où certains voudraient nous faire croire que tous les maux de la société française et du monde sont le fait des fanatismes religieux, il m'a semblé " pertinent " ! de créer un nouveau café à Caen.

Je vous invite le :

MERCREDI 20 JANVIER de 18h30 à 20h,

( au Vélocipède, place saint Sauveur à Caen )

Il s'agit d'un café philosophique sur le thème de la CROYANCE, religieuse, humaniste .......
Ce n'est pas un café théologique et nous ne débattrons pas uniquement de la foi religieuse. Nous nous donnons comme objectif de discuter de " nos fois " en l'homme, en Dieu, en la science, dans le progrés....... Un intervenant introduira le débat par un topo préliminaire.

Le 20 janvier, Camille TAROT, sociologue des religions, professeur à l'université de Caen, nous dira :
Que peut signifier le verbe CROIRE ?

Bonne semaine, bonne neige !! et à mercredi prochain.

samedi 9 janvier 2010

Des voeux PROTESTANTS.

Comment donner de bonnes réponses à de mauvaises questions ?


Minarets ! Ce simple mot suffit en ce moment pour lancer un débat passionné. Il fonctionne comme un détonateur. Dans quelques années ( quelques mois peut être ) un lecteur de ce texte se demandera de quoi il est question ici. Pour prendre un peu de recul, permettez moi de vous signaler que cette fameuse votation suisse, était double, l'autre question ne manquait pas d'intérêt. Jugez en plutôt. Le même jour en effet, les Suisses ont voté à 68,2% pour refuser d'interdire l'exportation de matériel de guerre. Décision qui, vous l'avouerez, n'est pas sans conséquence....elle n'a pourtant suscité aucune controverse. Incontestablement la votation sur les minarets est tombée sur un terreau fertile et a été immédiatement instrumentalisée.

Les mauvaise questions ne peuvent donner lieu à de bonnes réponses. La question de l'identité nationale me semble faire partie de celles là. Je me réfère en la matière à une situation qui me paraît exemplaire, celle de la Nouvelle Calédonie et de ce que disait le Kanak Jean Marie Tjibaou dans un contexte particulièrement tendu : " Le retour à la tradition est un mythe. Aucun peuple ne l'a jamais vécu . La recherche d'identité, le modèle , pour moi, il est devant soi, jamais en arrière. C'est une reformulation permanente. L'identité elle est devant nous." Ce qui m'amène à dire que la seule question qui vaille aujourd'hui est celle ci : Quelle société, quel pays, quelle France voulons nous vraiment construire ensemble ? Quel projet de société nous rassemble ?

Aprés ces considérations, mes voeux pour 2010 sont faciles à deviner. Je souhaite que dans notre pays ce soient l'espérance partagée et la confiance retrouvée qui nous fassent avancer. Pour être plus précis encore, et mieux à ma place sans doute, mon voeu est que les protestants montrent l'exemple en sachant encore se rassembler pour être témoins du Christ Jésus qui a su, lui, poser les bonnes questions.

Pasteur Claude Baty, président de la Fédération Protestante de France.