samedi 28 février 2009

La tentation de DIEU.

Dans l'évangile de Marc, le plus ancien, seuls deux versets relatent les tentations de Jésus. Nous connaissons mieux cet épisode chez Matthieu ou chez Luc.

" Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. Durant quarante jours, au désert, il fut tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient." 1,12-13.

La simplicité du texte nous surprend et nous le trouvons très compliqué. Le désert, les bêtes sauvages ?
Marc nous confie que Jésus, comme nous, a connu les tentations de la vie, de la foi. Lorsque la foule a voulu le faire roi pour combattre l'occupant romain, il a fui dans la montagne au bord du lac. Au jardin des Oliviers, avant son arrestation, le Nazaréen a demandé au Père de le délivrer magiquement, de le retirer de ce piège mortel. Jésus a pris totalement notre condition et les tentations en sont une des facettes.

Nous le savons bien ! la recherche du pouvoir sur les autres n'est pas l'apanage des seuls hommes politiques et des banquiers. L'argent, la sexualité gouvernent souvent notre monde.
Les " bêtes sauvages " de Marc peuvent nous aider à vivre. Dans les textes bibliques, les bêtes sauvages du désert sont à la fois dangereuses, menaçantes, mais aussi le signe de la paix et de la joie dans le Royaume de Dieu où elles cohabitent paisiblement avec les humains. L'argent, le pouvoir, la sexualité sont nos " bêtes sauvages ". Elles nous permettent de choisir ou non le chemin de vie, de paix que nous indique le Créateur.


Mais la principale tentation est peut être, pour le croyant, celle de la Foi. Nous risquons toujours de mettre la main sur Dieu,de l'emprisonner dans nos prières, dans nos credo, de croire que nous savons tout de Lui, de ne pas respecter ceux qui Le cherchent hors de notre église. Le Père de Jésus est à la fois le Très Haut et le Très Proche, l'Ami et l'Au Delà de tout. Nous ne sommes pas les seuls à Le chercher. Ouvrons notre coeur et notre intelligence à la quête d'autres religions, d'autres sagesses.
Lorsque la vie cogne trop fort, que nous risquons de sombrer, il est " normal " de demander un miracle, un prodige. C'est le réflexe de nombreux croyants. C'est ainsi, ne nous culpabilisons pas. Mais sachons que Dieu n'agit pas à notre place, ne résoud pas nos problèmes d'un coup de baguette. Ne regrettons pas notre liberté. L'Eternel nous transmet sa force, sa vie, son espérance par la rencontre de ceux qui nous aident, par la prière, par le vol d'un goéland, par le sourire d'un bébé. Il nous donne toujours rendez vous au petit matin de Pâques.

mercredi 25 février 2009

La Messe ? je m'y ennuie !

Ils sont nombreux ceux qui ne vont plus à la messe parce qu'ils s'y ennuient, " parce que c'est toujours la même chose, que c'est trop vieillot, trop loin de notre vie ." J'entends et je respecte ces avis et je ne veux surtout " convertir " personne, seulement partager quelques impressions après la messe au quartier femmes de la maison d'arrêt de Caen.

Samedi dernier, sept étaient présentes, sur une trentaine qui sont incarcérées. Je célèbre la messe une fois par mois dans une petite salle qui sert à d'autres activités. En sortant je me disais combien cette heure passée ensemble représente une coupure nette dans leur quotidien.

Un temps pour chanter, pour écouter le poids du silence, pour entendre la Parole d'un Autre loin des histoires inlassablement répétées à cause de l'enfermement, un temps pour partager ses intentions ou ne pas les partager, pour communier à la Bonne Nouvelle de Jésus qui dit le contraire du quotidien carcéral : la Vie, l'Espérance, la Bonté, la Réconciliation.

Venir à la messe, en prison surtout, c'est accepter de se retrouver avec celles qui ne sont pas fréquentées vu leur attitude ou les raisons de leur incarcération. Consciemment ou non, peu importe, la simple présence est l'affirmation que L'Eternel peut nous faire dépasser nos intérêts, nos idées, nos parti pris. La Bonne Nouvelle du Nazaréen réunit au banquet du royaume des hommes et des femmes qui ont , parfois, bien du mal à se côtoyer.

Célébrer ensemble l'eucharistie en prison, c'est se relier à tous les chrétiens du monde entier en se redisant que les lois de la pureté, de la dignité ne sont pas les critères de ce rassemblement. Seul Dieu est Saint et Il invite tous ceux qui le veulent non pas à un pensum mais à un temps de joie et de résurrection.

samedi 21 février 2009

Un homme debout

Vestiges de la maison de la belle-mère de Pierre à Capharnaüm

Marc 2:1-12


Pour un normand qui a déjà démonté une cloison de sa vieille maison, ce texte de Marc est déroutant. Il ne peut s'empêcher de penser que les toits plats de Palestine devaient, comme sa maison, être faits de poutres de bois, de branchages, de paille et (ou) de terre séchée. Il a du mal à croire que les occupants et les scribes assis, aient laissé des hurluberlus percer le toit de cette maison, qu'ils aient supporté de recevoir des gravas sur la tête et de suffoquer au milieu d'un nuage de poussière. Même si la scène ne fut pas aussi spectaculaire, la situation devait être vraiment insolite.

Jésus surprend, il est au dessus de la mêlée, il semble prendre son temps.
On ne parle guère des porteurs et de leurs compagnons. Ce sont eux qui ont eu la foi.

Y-a-t-il eu ce dialogue :
* Les porteurs : on va te porter auprès de Jésus il va te guérir!
* Le paralytique : non, on va déranger tout le monde, ce n'est pas la peine, il y a trop de monde, attendons une autre fois je ne le mérite pas.
* Les porteurs : viens!
* Les porteurs à la foule : Laissez-nous passer.
* La Foule : ... (pas de réponse).
* Les Porteurs : laissez-nous passer.
* La Foule : Il n'y a plus de place!
* Les Porteurs : Laissez-nous passer c'est pour un paralytique.
* La Foule : Cessez de nous importuner avec cet homme ; Quel faute a t-il commise pour être aussi malade?
* Les Porteurs : Faisons le tour de la maison on va passer par le toit.

Oublions les paroles désagréables, peut-être proférées par les occupants des lieux, dérangés par ces intrus. Ces péripéties n'ont aucun intérêt. Ce texte n'est pas un récit de journaliste, la scène est décrite avec une économie de moyens.

Seul compte Jésus, qui enseigne et agit en même temps. Il est seulement rapporté :« Quand Jésus vit la foi de ces hommes, il dit au paralysé : « Mon fils, tes péchés sont pardonnés ». Quelle foi? La foi des porteurs? La foi du malade envers ses quatre porteurs? Ou la foi en Jésus? Un peu tout cela certainement.

Les scribes, qui connaissent la loi, sont scandalisés : Un homme n'a pas le pouvoir de remettre les péchés. (Nous avons une Loi et d'après cette Loi, il doit mourir parce qu'il s'est fait Fils de Dieu. » (Jn 19, 7.) )

Les porteurs ne s'embarrassent pas de ces questions; ils ont foi en Jésus.

Jésus se présente ici, peut-être par modestie, comme fils de l'homme et non comme fils de Dieu. Peut-être se présente-t-il ainsi, parce qu'il est aussi réellement homme, et qu'il veut nous faire comprendre, par là, que tous les hommes, avec un peu de foi, peuvent aussi beaucoup.

Si la Loi est importante, Jésus nous dit la primauté de la compassion envers tout homme qui souffre et nous recommande une grande liberté, vis à vis d'elle; l'homme est plus important que la Loi.

Jésus guérit et pardonne les péchés. Il ouvre le paralytique à une vie qui dépasse de loin la simple condition d'un être en bonne santé. Pardonner ce n'est pas remettre une dette, c'est accorder la guérison première : ouvrir un homme à la vie en plénitude, en faire un homme debout (en esprit).

Pierre Cayeux



mercredi 18 février 2009

Avec tous les amoureux de l'Homme.... de DIEU.

Avec tous nos frères et soeurs chrétiens,
nous confessons que le Dieu unique est Père, au delà de tout et de tous,
Fils, s'approchant de tout et de tous, et Saint Esprit, au dedans de tout et de tous.
Nous confessons que le Dieu trois fois Saint, tout autre et tout proche
est mystère de Communication et de Communion, de Justice et de Tendresse.

Comme nos frères et soeurs Juifs,
Nous confessons que Dieu est le Créateur de l'univers et qu'il est Saint.
Et dans la différence, nous confessons que le Créateur s'est fait créature
et que le Saint s'est incarné.

Comme nos frères et soeurs Musulmans,
nous confessons que Dieu est le Tout Puissant et l'Immortel.
Et dans la différence, nous confessons que le Tout Puissant a accepté d'être fragile,
que le Parfait a porté nos imperfections et que l'Immortel,
par la mort et la résurrection de Jésus, a transfiguré notre mortalité.

Comme nos frères et soeurs Hindous,
nous confessons que Dieu est l'Un indescriptible.
Et dans la différence, nous confessons que son Unité est multiple
et que le monde multiple ne se résorbe pas dans l'Un.

Comme nos frères et soeurs Bouddhistes,
nous confessons que la Réalité ultime est inexprimable,
et dans la différence, nous confessons que l'Inexprimable s'est exprimé
et que l'Invisible a pris Visage.

Comme tous nos frères et soeurs en humanité, sans religion et de bonne volonté,
nous confessons que les Droits de l'homme, de la femme et de l'enfant sont inaliénables.
Et dans la différence, nous confessons que l'humain est image du divin.

Avec les religions de l'Orient, nous confessons que Dieu est Silence et Souffle.
Et avec les religions Juive et Musulmane, que Dieu est Parole.
Et cette confession commune nous REJOUIT.

D'après Shafique KESHAVJEE, pasteur de l'église Réformée à Lausanne.

samedi 14 février 2009

Impur, impur !

Tout était prévu : le lépreux devait lui même crier " impur, impur " pour ne pas contaminer ceux qu'il croisait sur son chemin. Il devait vivre à l'écart. Les lévites, les prêtres juifs avaient pris ces dispositions pour que l'impureté ne contamine pas tout le peuple. Depuis, les dignitaires de toutes les religions ont codifié les règles de la pureté et de l'impureté : le moine bouddhiste de ma ville est un " intouchable " même s'il ne crie pas au scandale lorsque quelqu'un lui serre la main ; les hommes et les femmes ne se mélangent pas dans les mosquées, dans les synagogues comme c'était le cas dans nos églises il y quelques années. Certains péchés sont appelés " mortels ". C'est comme si les religions avaient besoin de bien cataloguer les purs et les impurs pour manifester la pureté de leur Dieu.

L'évangile de Marc ( 1, 40-45 ) met en scène un lépreux, un paria qui s'écrie en voyant Jésus : " Si tu le veux, tu peux me purifier." Touché par cette foi et ce cri du coeur, Jésus le purifie, le réintègre dans la société juive. Le Rabbi de Nazareth n'a eu de cesse de casser cette barrière de l'impureté en mangeant chez les pécheurs publics, en parlant avec la Samaritaine, en défendant la cause de la femme adultère, en louant la foi du criminel crucifié à côté de lui sur la colline du Golgotha. La religion de Jésus refuse de classer les gens en purs et impurs, quelles que soient leur foi ou leur vie.

A sa suite , essayons de n'exclure personne de la communauté des croyants s'il désire en faire partie. Le Père se donne à qui veut le recevoir.

Ne dévalorisons pas ceux qui ne partagent pas notre foi au Dieu de Jésus en parlant " d'incroyants ", mais cherchons plutôt à comprendre leur espérance, leur désir de vie qui ne mentionne pas le Dieu de notre foi.

Non seulement n'ayons pas peur de parler avec des fidèles d'autres religions, mais recherchons ces contacts avec des Juifs, avec des Musulmans pour nous enrichir de leur démarche, de leur recherche, de leur quête du très Haut.

Le Seigneur de Jésus est saint, est pur, est miséricordieux. Il ne veut pas que nous nous servions de Lui pour cataloguer, pour juger, pour classer. Il est le Dieu qui fait lever son soleil sur toutes ses créatures. Alors, ne passons pas notre temps à deresser des murs mais construisons des ponts entre nous.

mercredi 11 février 2009

Pour les jours de grisaille.

On se demande parfois si la vie a un sens, et puis on rencontre des êtres qui donnent un SENS à la vie.

Brassaï


Quand on aime, on voudrait parler sans cesse à l'être qu'on aime ou au moins le regarder sans cesse; la prière n'est pas autre chose.

Charles de Foucauld


Va vers toi même. Etonne toi de toi. Accueille la polyphonie qui t'habite. Les couleurs de ta palette sont plus nombreuses que tu l'imagines. Réveille les lumières de ton vitrail intérieur. As tu déjà contemplé un vitrail de prés ? Vu de l'extérieur, il paraît un peu gris et triste. Il faut entrer dans le sanctuaire ou dans la maison. Et s'asseoir. Pas seulement un jour, une fois. S'asseoir souvent, quelques minutes, mais à des heures différentes, quand il fait beau soleil, quand il fait pluie, par temps de neige ou de brouillard. Quelle vie, un vitrail ! A chaque saison du jour une lumière nouvelle. Assieds toi prés de toi, respire un bon coup, laisse un peu de souffle t'envahir, et dis toi que le premier vitrail , c'est toi.
Gabriel Ringlet

samedi 7 février 2009

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'EVANGILE !

Ce cri du coeur de Paul dans la première lettre aux Corinthiens ( 9,16 ) j'y ai beaucoup pensé ces jours en revenant de la maison d'arrêt ou du centre psychiatrique Esquirol. Est ce que nous annonçons l'Evangile, c'est à dire non pas le contenu d'un livre mais une BONNE NOUVELLE dans ces lieux du malheur et de la souffrance ?

Ne pas y venir seul est peut être ? le premier signe de la Bonne Nouvelle de Jésus. Etre en équipe avec les talents de chacun , c'est être fidèle à la diversité des Evangiles. Le message du rabbi de Nazareth est écrit par Marc, Luc, Matthieu, Jean. Il n'y a pas une parole unique, nos paroles, nos attitudes diverses créent la richesse de l'église qui doit toujours être plurielle.

A la prison, en psychiatrie venir fidélement tel jour, à telle heure précise, avec l'exactitude d'un cistercien aux offices communautaires ! est tout sauf un détail. Nous le savons bien, lorsque l'angoisse, la dépression nous dévorent, le retard de celui que j'attends accentue ma solitude et mon malheur. Au delà de cette remarque " thérapeutique ou seulement amicale " , c'est aussi un petit signe de la Présence du Seigneur qui , Lui, est toujours exact à ses rendez vous avec les humains, même si nous avons parfois du mal à le croire présent.

Annoncer l'Evangile à des détenus, des patients, c'est ne pas entrer dans le déni, le mensonge, le délire. Il ne s'agit pas de se prendre pour un psychiatre, pour un juge, pour un avocat, mais simplement, par l'attitude, plus souvent que par des paroles, refuser de rentrer dans les mensonges ou les délires qui emprisonnent et ne permettent pas que la vérité fasse son travail de liberté.

La BONNE NOUVELLE, c'est l'annonce de la résurrection du crucifié du Golgotha, c'est la promesse que nos vies ne sont pas condamnées à l'échec, à la mort. Pour beaucoup qui ne sont pas malades ni incarcérés, ce n'est pas facile, voire impossible à croire, alors dans ces mondes ! Lorsque tel patient est hospitalisé pour la énième fois, lorsqu'un détenu me dit : " je vais prendre une longue peine et je vais perdre ma femme, mes enfants. Ils ne pourront attendre ." l'annonce de la résurrection semble hors de propos. Son annonce certainement, mais c'est bien cette Espérance de Dieu plus forte que nos échecs, nos impasses, qui m'aide à tenter d'aider l'autre à croire en un avenir, en un chemin encore possible.

Boenhoffer, pasteur allemand tué par les nazis, écrivait en 1944 : " La vie chrétienne ne peut avoir aujourd'hui que deux aspects, la prière et l'action pour la justice." Son propos n'a pas pris une ride.

mercredi 4 février 2009

l'abbé PIERRE toujours vivant !

En ces temps de crise, souvenons nous de ce qu'écrivait le fondateur des communautés Emmaüs:



Un monde gouverné en fonction du plaisir des heureux et non de la délivrance de ceux qui souffrent injustement est voué nécessairement à la haine.

Devant toute souffrance humaine, selon que tu le peux, emploie toi non seulement à la soulager sans retard, mais encore à détruire ses causes.

Emploie toi non seulement à détruire ses causes, mais encore à la soulager sans retard.

Nul n'est, sérieusement, ni bon, ni juste, ni vrai, tant qu'il n'est résolu, selon ses moyens, à se consacrer, d'un coeur égal, de tout son être, à l'une comme à l'autre de ces deux tâches. Elles ne peuvent se séparer sans se renier.



L'unique fondement sûr de l'intelligence, pour l'homme d'action, est la participation à la peine de ceux qui souffrent et qui désespèrent.