samedi 7 février 2009

Malheur à moi si je n'annonçais pas l'EVANGILE !

Ce cri du coeur de Paul dans la première lettre aux Corinthiens ( 9,16 ) j'y ai beaucoup pensé ces jours en revenant de la maison d'arrêt ou du centre psychiatrique Esquirol. Est ce que nous annonçons l'Evangile, c'est à dire non pas le contenu d'un livre mais une BONNE NOUVELLE dans ces lieux du malheur et de la souffrance ?

Ne pas y venir seul est peut être ? le premier signe de la Bonne Nouvelle de Jésus. Etre en équipe avec les talents de chacun , c'est être fidèle à la diversité des Evangiles. Le message du rabbi de Nazareth est écrit par Marc, Luc, Matthieu, Jean. Il n'y a pas une parole unique, nos paroles, nos attitudes diverses créent la richesse de l'église qui doit toujours être plurielle.

A la prison, en psychiatrie venir fidélement tel jour, à telle heure précise, avec l'exactitude d'un cistercien aux offices communautaires ! est tout sauf un détail. Nous le savons bien, lorsque l'angoisse, la dépression nous dévorent, le retard de celui que j'attends accentue ma solitude et mon malheur. Au delà de cette remarque " thérapeutique ou seulement amicale " , c'est aussi un petit signe de la Présence du Seigneur qui , Lui, est toujours exact à ses rendez vous avec les humains, même si nous avons parfois du mal à le croire présent.

Annoncer l'Evangile à des détenus, des patients, c'est ne pas entrer dans le déni, le mensonge, le délire. Il ne s'agit pas de se prendre pour un psychiatre, pour un juge, pour un avocat, mais simplement, par l'attitude, plus souvent que par des paroles, refuser de rentrer dans les mensonges ou les délires qui emprisonnent et ne permettent pas que la vérité fasse son travail de liberté.

La BONNE NOUVELLE, c'est l'annonce de la résurrection du crucifié du Golgotha, c'est la promesse que nos vies ne sont pas condamnées à l'échec, à la mort. Pour beaucoup qui ne sont pas malades ni incarcérés, ce n'est pas facile, voire impossible à croire, alors dans ces mondes ! Lorsque tel patient est hospitalisé pour la énième fois, lorsqu'un détenu me dit : " je vais prendre une longue peine et je vais perdre ma femme, mes enfants. Ils ne pourront attendre ." l'annonce de la résurrection semble hors de propos. Son annonce certainement, mais c'est bien cette Espérance de Dieu plus forte que nos échecs, nos impasses, qui m'aide à tenter d'aider l'autre à croire en un avenir, en un chemin encore possible.

Boenhoffer, pasteur allemand tué par les nazis, écrivait en 1944 : " La vie chrétienne ne peut avoir aujourd'hui que deux aspects, la prière et l'action pour la justice." Son propos n'a pas pris une ride.

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