vendredi 16 octobre 2009

Le DON, pas le MERITE .

Ils ne font pas dans la finesse, dans la dentelle, les fils de Zébédée, Jacques et Jean : " Accorde nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ta gloire." Marc 10, 37 . Ils insistent lourdement en déclarant à Jésus qu'ils sont capables de " boire à sa coupe et de recevoir le baptême dans lequel il va être plongé ! Lisant ce passage deux mille ans après, il est facile de se moquer de leur lourdeur. Mais sommes nous si différents d'eux ? Jacques et Jean croyaient que le salut, la vie avec Dieu, le bonheur éternel, le paradis, la vision de Dieu......se gagnaient à la force du mérite et c'est pour cette raison qu'ils se disent prêts à suivre Jésus, quelles que soient les difficultés et les épreuves, ce qu'ils ne feront pas, comme la Passion nous l'a montré.

Jacques et Jean me rappellent ce médecin de prison me disant : " Ici, je gagne mon ciel ". J'ai eu beau lui dire que le ciel n'était pas gagné mais donné par Dieu seul, il ne m'a pas cru. Je pense à tous ceux qui ont toujours la trouille de Dieu, de son jugement, de l'enfer, des punitions. Si je ne prie pas assez, si je ne fais pas telle ou telle chose, serais je sauvé ? Beaucoup de croyants, et pas uniquement des catholiques, ce qui n'est pas une consolation !, voient l'histoire de la foi comme un mauvais western : les bons et les méchants . Dieu est un juge, un comptable qui passe son temps à faire l'addition et la soustraction des bonnes actions et des fautes.

Toute la Bible, et pas uniquement les Evangiles, nous raconte l'histoire d'un créateur amoureux des humains à qui Il donne gratuitement sa vie, sa force, son espérance. Si nous prions, si nous faisons du bien pour gagner la médaille du salut, nous ne sommes que de triste sires hypocrites, et non des amis de Dieu ardemment désireux de faire fructifier la justice, la bonté , la tendresse autour de nous. Nous devriions être déchargés d'un fardeau, en sachant que l'Eternel ne nous fait pas passer un examen, mais qu'il ne nous demande qu'une chose : accepter sa main tendue pour à notre tour ouvrir nos deux mains à nos proches. Dieu, comme un ami, ne m'aime pas parce que je mérite son amitié . Quelle que soit ma vie, apaisée ou difficile, Il me redit chaque jour que j'ai du prix à ses yeux.


1 commentaire:

Monique a dit…

« Le Christ est d’abord le grand troubleur » (Henri de Lubac)

Cette prédication de Jésus n’est pas facile, mais en même temps ses paroles abruptes me libérèrent des séductions, du merveilleux, des conformismes car elles invitent à prendre position, à dire « je », à aller à la recherche d’horizons de pensée et de vie nouveaux, inédits, et surtout à échapper à ce qui est mortel dans l’existence : l’indifférence, l’uniformité, l’ennui.

Pas d’amen réflexes, pas de dolorisme, pas de monnaie d’échange...

Merci pour ces billets hebdomadaires qui m’aident à vivre et à repérer la présence d’un Père prodigue à mes côtés.