mercredi 22 septembre 2010

POURQUOI CE TITRE ?

Lors d'un débat après la projection du film " Des hommes et des dieux ", la question a été posée : pourquoi ce titre ? De quels hommes, de quels dieux s'agit il ? Qu'a voulu signifier le réalisateur ? Je n'ai pas entendu de réponse très lumineuse, tout le monde semblait perplexe, même un des comédiens présents, Jean Marie Frin.

La réponse simple et un peu simpliste : les villageois sont musulmans, les moines sont chrétiens. Le film évoque donc deux dieux. Mais Jean Marie Frin a précisé que le père Christian ne voulait surtout pas de pluralité par rapport à Dieu. Nos deux religions évoquent un Dieu unique.

Certains préfèrent parler de spiritualité et ne pas prononcer le nom de Dieu. Les dieux dont il est question représentent, selon eux, tous nos chemin spirituels vers la justice, la paix, le bonheur. Opinion respectable, très majoritaire dans nos sociétés, mais qui , selon moi, occulte d'un coup de plume la prière, la foi , l'espérance des moines comme des villageois lorsqu'ils parlent à Dieu dans leurs religions respectives.

Dès la première séquence du film, nous lisons à l'écran ce verset du psaume 81 :

" Je l'ai dit : Vous êtes des dieux, des fils du Très Haut, vous tous !
Pourtant vous mourrez comme des hommes, comme les princes, tous, vous tomberez !"

Le psalmiste exalte la dignité des humains, de tous les humains. Bien sûr, nous sommes mortels, nous ne sommes pas à la place du Créateur. Mais notre finitude, nos limites , nos échecs ne nous interdisent pas d'être appelés par l'Eternel " ses fils " . " Vous tous ", pas seulement les membres de telle ou telle religion. La grandeur humaine nous élève vers la justice, l'accueil des autres, le respect des différences . Notre prière est nourrie du meilleur de notre désir de bonheur et de paix. Limités, faillibles, nous sommes " des dieux ", comparaison religieuse pour signifier à quel point le Très Haut a confiance en nous.

Ce film donne à contempler ces " dieux " si humains, les villageois et les moines , reflets de la beaut et de la bonté du Créateur dans notre quotidien.

1 commentaire:

Monique a dit…

Pour moi, ce film montre le meilleur du christianisme, de la fraternité universelle vécue au fin fond d’un village perdu dans les montagnes de l’Atlas où se vit entre le monastère et les villageois fraternité, entraide, partage du travail et des ressources de la terre, etc ….. (dans toutes ses dimensions humaines qui ne gomment pas les faiblesses, les doutes, les interrogations).

Pas de prosélytisme, chacun respecte la religion de l'autre.

Xavier Beauvois, alors qu’il est incroyant, a voulu montrer dans son film « le mystère de l’Incarnation pascale » ! Merci à ce cinéaste qui réussi son challenge !

Le lien ci-dessous :

http://frat.st.paul.pagesperso-orange.fr/HenryQuinsonAgenda.html

est une page du site de la fraternité Saint Paul dont fait partie Henry Quinson, le conseiller monastique du film et qui a choisi les prières et les psaumes qui sont chantées ou récitées.

Quelques petits extraits concernant la part que peut prendre le cinéma « dans le monde » :

« Où l’homme moderne peut-il passer deux heures sans coupures publicitaires, sans appel sur son téléphone portable, sans bruit de voiture ? Il ne lui reste plus que cet oratoire improbable : la salle de cinéma.

« Donner à voir et entendre les moines de Tibhirine à des centaines de milliers de personnes par le cinéma, c’est renouer avec notre tradition : mettre en scène le martyre – c’est-à-dire le témoignage – de frères lumineux.

Des frères obscurs deviennent des « frères lumière ». Le testament spirituel de Christian de Chergé devient accessible au plus grand nombre, à ceux qui ne franchissent pas le seuil de nos églises ou de nos temples. « Je voudrais que l’on se souvienne », écrivait-il…Le spectateur qui a une âme attend une vraie lumière. »

« Cette combinaison cinématographique met Dieu en scène dans son incarnation. La caméra pointe vers l’Invisible à travers le visible. Le cinéma devient donc sacrement pour l’homme moderne. Il est médiateur de grâce. Ne nous cantonnons pas au saint chrême et à l’eau bénite ! Une médiation ne chasse pas l’autre : accueillons avec joie ces nouvelles médiations !

A Cannes « L’ovation à la fin du film m’a ému, et plus que tout, la parole de Xavier Beauvois à mon oreille m’a confirmé son intégrité totale quand il m’a pris dans ses bras : « La palme, on s’en fout ; ce soir, les frères ont gagné. »

"Au terme de cette aventure, plus rapidement qu’au Vatican, les frères ont été Cannes-onisés sur la croisette."

L'autobiographie d’Henry Quinson : « Moine des Citées – De Wall Street aux quartiers Nord de Marseille » Ed Nouvelle Cité
Il y raconte son cheminement qui a abouti à cette Fraternité : à lire. On y retrouve des liens avec ces moines de Thibirine, il parle de sa vie dans un quartier populaire de Marseille, de ses rapports avec ses voisins musulmans...