mercredi 2 décembre 2009

HEROUVILLE n'est pas en SUISSE.

Pauvre Suisse, l'architecture des banques pose moins de problèmes que celle des lieux de culte. L'affiche de la campagne stigmatisant les minarets était consternante de bêtise et de méchanceté : des minarets en forme de missiles et une femme voilée de la tête aux pieds.

Les évêques suisses ont immédiatement réagi : "La campagne, avec ses exagérations et ses caricatures, a montré que la paix religieuse ne va pas de soi et qu'elle doit toujours être défendue ." Notre président qui n'est ni suisse, ni évêque, a confié ses pensées hier à des députés U.M.P. : " Il nous a dit que c'était l'illustration que les gens en Suisse, comme en France, ne voulaient pas que leur pays change, qu'il soit dénaturé. Ils veulent garder leur identité. Selon l'analyse du président, Les Français ne veulent pas voir des femmes en burqa dans la rue, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont hostiles à la pratique de l'Islam."

Sous prétexte de défendre les habitants de la France profonde, le président lui même entretient les amalgames, port de la burqa et architecture traditionnelle d'une mosquée. M.Sarkozy y ajoute un argument qui a fait périr les dinosaures : ne pas vouloir changer ! Au moment où les églises se vident, les Français exaltent la symbolique des clochers appelant à la messe !!!! délicieux, au second degré !! Pourquoi des minarets dénatureraient l'identité de notre pays ? Sommes nous si fragiles pour avoir de telles peurs? Faut il viser si bas pour faire un bon score aux régionales ?

Hier soir, à Hérouville, le café interreligieux mensuel a réuni un rabbin, un responsable musulman, un pasteur et un prêtre. Tous les quatre ont discuté sereinement, franchement autour de Noël et ce fut un beau moment de rencontre apaisée et directe. C'était peut être la première fois que certains chrétiens entendaient du rabbin que Jésus ne représentait rien pour lui et sa communauté. Ce n'est pas une raison de ne pas se parler, tout au contraire ! Alors que certains politiques n'hésitent pas à entretenir de vieilles peurs identitaires pour leur fond de commerce, se parler dans la clarté est une réponse, limitée certes, mais qui a le mérite d'exister.
Si les religions acceptent de prendre du temps pour se parler, pour développer leurs convictions au grand jour, ce sera un bon point pour lutter contre le réchauffement suisse des vieilles guerres de religion.

2 commentaires:

Monique a dit…

OUF ! ça fait du bien d’entendre ça… Merci !

Derrière l’agitation autour des minarets, des burquas et Cie, c’est la peur de la différence qui est entretenue :

* la peur des migrants,
* la peur des migrants PAUVRES (pas des migrants, gros clients des banques suisses)
* la peur que dans l’Europe dite chrétienne, la religion musulmane prenne une place importante.

Les mesures de protections des grosses fortunes ne sont-elles pas plus hautes, plus protégées, voire inataquables, que la hauteur d’un minaret ou même d’un clocher ? ? ?

Ceux qui s’opposent à la construction des minarets veulent-ils rallumer les guerres de religions ? ? ? Je ne peux m’empêcher d’y sentir des relents xénophobie ?

- Le film «D’une seule voix» (http://www.duneseulevoix-lefilm.com/)
- l’assiduité des militants et les manifestations qui ont fait avancer la cause d’un migrant géorgien
- les Huit heures pour la Palestine
- la journée de réflexion et de dénonciation du trafic humain à travers la prostitution
- la rencontre au Café inter religieux de représentants des 3 monothéismes qui parlent en vérité de leurs différences,

sont autant de petits pas que j’ai vus dans mon tout proche environnement ces derniers jours dans l’agglomération caennaise (et il y en a bien d’autres).

Ils me réjouissent le cœur, ils sont signes que l’Espérance est vivante dans le cœurs des hommes et des femmes de bonne volonté, que l’Espérance n’est pas réservée à une élite et qu’elle donne du sens à la Vie.

Ce sont des petits pas qui ne font pas de bruit médiatique, mais, comme le dit Jacques, ils ont le mérite d’exister, ils sont le signes d’hommes et de femmes qui ont soif de paix et de justice.

Une lectrice a dit…

Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique d’Arabie, d’origine helvétique a déclaré dans la Croix du 2/12/2009 (à lire sur le site de la Croix).

« Personne, finalement, ne peut sérieusement contester qu’avec cette interdiction des minarets on punit une communauté religieuse concrète, dont les membres en Suisse n’ont rien à se reprocher ».

Il a de l'humour :

Si les Suisses ont peur de la visibilité d’une religion, poursuit-il, « une mosquée doit alors ressembler à un chalet suisse et l’appel à la prière, le cas échéant, doit être fait du balcon avec un cor des Alpes ! »

Un minaret, dans le paysage suisse ne serait pas un corps tellement plus étrange que le M de McDonald’s, « qui, pour beaucoup, semble avoir presque une force d’attraction religieuse », continue-t-il.


Et je rajoute : ne pourrait-on pas imaginer un vote contre la construction ou pour la destruction des minarets-buildings des banques et autres holdings financiers ?