Vous est-il arrivé de connaître la tristesse au cours d'une fête, de ne pas partager la liesse ambiante, de trouver que l'on en fait trop, du genre illuminations de Noël mobilisant deux ou trois centrales électriques...en un mot que tout cela a quelque chose d'artificiel.
Noël, ce n'est pas la fête pour tout le monde. Qui, n'a pas connu à Noël, un deuil dans sa famille, un proche gravement malade, qui n'a pas rencontré une personne sans famille, sans enfant, souffrant de la solitude? Souhaiter un joyeux Noël à ces personnes a quelques choses d'indécent.
Mais je ne parlerai pas, ici, de ces cas extrêmes qui arrivent tôt ou tard à chacun de nous. Je ne compte pas aujourd’hui au nombre de ces malheureux; je suis, ce jour, plus proche du Schtroumpf Grognon. Je rumine dans une merveilleuse petite église de la baie de Somme. Je participe en tant que catéchiste à une célébration qui termine le temps de l'Avent, pour les enfants du «caté» de la paroisse, juste avant la fête de Noël.
C'est une église dépouillée, sans statue kitsch. Je suis en face d'un vitrail représentant la sainte Vierge, non pas celle qui est censée représenter la sainte Vierge de Lourdes, en plâtre, affublée dans manteau d'un bleu que je n'apprécie guère, reproduite à des milliers exemplaires. Non, le manteau de cette Vierge est d'un bleu profond, digne des merveilleuses couleurs des vitraux du moyen age; de plus il est magnifié par un soleil hivernal qui réchauffe le cœur à défaut de réchauffer les corps.
Je devrais être heureux, et pourtant non. Je regarde ces enfants dont quelques uns sont manifestement ce matin, comme moi, des disciples de l'écolier de Prévert. Quelle image de Dieu leur transmettons nous? Pour eux qu'est ce que Noël : des cadeaux ou l'annonce d'une naissance extraordinaire?
Que veulent dire, pour eux, des phrases comme : "Noël , la joie d'avoir la promesse d'un sauveur"
Certes nous ne chantons plus :
Quand je lis Saint Paul (Philippiens 2-6,8) :
je trouve qu'il ne m'aide guère; c'est du Saint Paul, autrement dit c'est bien écrit mais je ne suis pas sûr que chaque homme perçoive, en lisant cela, tout ce que Paul a voulu dire...Je trouve que ce message n'est plus adapté à notre époque, qu'il ne peut qu'être mal perçu.
Il y a un an, à la Noël, nous avons eu un message, ubi et orbi, de notre pape. En voici un extrait :
Combien ont entendu et reçu ce message, que j'ai apprécié? Il est d'une autre tenue que le cantique cité plus haut, mais est-il compréhensible par tous? Compréhensible, n'est pas le mot qui convient, a-t-il suscité un écho en chacun de nous? J'en doute.
Je pense à Marc 4,26-34. L'enfant de Noël, tel le grain de sénevé, contient toutes les potentialités de Dieu. Encore faut-il que le message de l'annonce de sa naissance tombe dans de la bonne terre. Puissions nous avoir la pédagogie du Christ pour que le Royaume de Dieu s'implante dans le cœur de chacun de nos enfants.
Chose extraordinaire dans le message des évangélistes : l'Enfant! Nous avons besoin d'un enfant pour nous sauver! Cet être si souvent considéré comme quantité négligeable dans l'antiquité. Quel message extraordinaire pour notre époque où les puissants, plus que jamais, veulent occuper le devant de la scène!
Fêtons Noël comme il se doit : dans la simplicité, même et surtout, si nous sommes dans le malheur ou la tristesse.
Pierre Cayeux
Noël, ce n'est pas la fête pour tout le monde. Qui, n'a pas connu à Noël, un deuil dans sa famille, un proche gravement malade, qui n'a pas rencontré une personne sans famille, sans enfant, souffrant de la solitude? Souhaiter un joyeux Noël à ces personnes a quelques choses d'indécent.
Mais je ne parlerai pas, ici, de ces cas extrêmes qui arrivent tôt ou tard à chacun de nous. Je ne compte pas aujourd’hui au nombre de ces malheureux; je suis, ce jour, plus proche du Schtroumpf Grognon. Je rumine dans une merveilleuse petite église de la baie de Somme. Je participe en tant que catéchiste à une célébration qui termine le temps de l'Avent, pour les enfants du «caté» de la paroisse, juste avant la fête de Noël.
C'est une église dépouillée, sans statue kitsch. Je suis en face d'un vitrail représentant la sainte Vierge, non pas celle qui est censée représenter la sainte Vierge de Lourdes, en plâtre, affublée dans manteau d'un bleu que je n'apprécie guère, reproduite à des milliers exemplaires. Non, le manteau de cette Vierge est d'un bleu profond, digne des merveilleuses couleurs des vitraux du moyen age; de plus il est magnifié par un soleil hivernal qui réchauffe le cœur à défaut de réchauffer les corps.
Je devrais être heureux, et pourtant non. Je regarde ces enfants dont quelques uns sont manifestement ce matin, comme moi, des disciples de l'écolier de Prévert. Quelle image de Dieu leur transmettons nous? Pour eux qu'est ce que Noël : des cadeaux ou l'annonce d'une naissance extraordinaire?
Que veulent dire, pour eux, des phrases comme : "Noël , la joie d'avoir la promesse d'un sauveur"
Certes nous ne chantons plus :
« Minuit, Chrétiens, c'est l'heure solennelle Où l'Homme Dieu descendit jusqu'à nous pour effacer la faute originelle Et de son Père apaiser le courroux », et, c'est tant mieux. Mais donnons nous le meilleur de nous même quand nous essayons de communiquer notre foi à nos proches, à nos enfants? Je dis souvent qu'il est impossible de dire sa foi. Mes mots sont toujours en deçà de ce que je perçois et vis, ce qui me rend morose voir malheureux. Est-ce que nous ne véhiculons d'autres inepties dignes de ce cantique?
Quand je lis Saint Paul (Philippiens 2-6,8) :
« 6. Lui, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.
7. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme,
8. il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix ! »,
je trouve qu'il ne m'aide guère; c'est du Saint Paul, autrement dit c'est bien écrit mais je ne suis pas sûr que chaque homme perçoive, en lisant cela, tout ce que Paul a voulu dire...Je trouve que ce message n'est plus adapté à notre époque, qu'il ne peut qu'être mal perçu.
Il y a un an, à la Noël, nous avons eu un message, ubi et orbi, de notre pape. En voici un extrait :
« la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » !
Elle s’est manifestée ! C’est ce que l’Église célèbre aujourd’hui. La grâce de Dieu, riche en bonté et en tendresse, n’est plus cachée, mais « elle s’est manifestée », elle s’est manifestée dans la chair, elle a montré son visage. Où ? À Bethléem. Quand ? Sous César Auguste, durant le premier recensement, auquel fait même allusion l’évangéliste Luc. Et qui est celui qui la révèle ? Un nouveau-né, le Fils de la Vierge Marie. En Lui s’est manifestée la grâce de Dieu notre Sauveur. C’est pourquoi cet Enfant s’appelle Jehoshua, Jésus, ce qui signifie « Dieu sauve ».
....
Là où la dignité et les droits de la personne humaine sont piétinés ; là où les égoïsmes personnels ou de groupe prévalent sur le bien commun ; là où l’on risque de s’habituer à la haine fratricide et à l’exploitation de l’homme par l’homme ; là où des luttes intestines divisent groupes et ethnies et déchirent la vie en commun ; là où le terrorisme continue à frapper ; là où manque le nécessaire pour survivre ; là où l’on regarde avec appréhension vers un avenir qui devient toujours plus incertain, même dans les Nations qui sont dans l’aisance : que là resplendisse la Lumière de Noël et qu’elle encourage chacun à faire son propre devoir, dans un esprit d’authentique solidarité. Si chacun pense uniquement à ses propres intérêts, le monde ne peut qu’aller à sa ruine.
Chers frères et Sœurs, aujourd’hui « la grâce de Dieu Sauveur s’est manifestée » (cf. Tt 2, 11), dans notre monde, qui a ses potentialités et ses faiblesses, ses progrès et ses crises, ses espoirs et ses angoisses. Aujourd’hui, resplendit la lumière de Jésus Christ, Fils du Très-Haut et fils de la Vierge Marie : « Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu. Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel ». Nous l’adorons en ce jour, en tous les coins de la terre, emmailloté et déposé dans une pauvre mangeoire. Nous l’adorons en silence tandis que Lui, encore bébé, semble nous dire pour notre consolation : N’ayez pas peur ! « C’est moi qui suis Dieu, il n’y en a pas d’autre » (Is 45, 22). Venez à moi, hommes et femmes, peuples et nations, venez à moi, ne craignez pas : je suis venu vous apporter l’amour du Père, vous montrer le chemin de la paix. »
Combien ont entendu et reçu ce message, que j'ai apprécié? Il est d'une autre tenue que le cantique cité plus haut, mais est-il compréhensible par tous? Compréhensible, n'est pas le mot qui convient, a-t-il suscité un écho en chacun de nous? J'en doute.
Je pense à Marc 4,26-34. L'enfant de Noël, tel le grain de sénevé, contient toutes les potentialités de Dieu. Encore faut-il que le message de l'annonce de sa naissance tombe dans de la bonne terre. Puissions nous avoir la pédagogie du Christ pour que le Royaume de Dieu s'implante dans le cœur de chacun de nos enfants.
Chose extraordinaire dans le message des évangélistes : l'Enfant! Nous avons besoin d'un enfant pour nous sauver! Cet être si souvent considéré comme quantité négligeable dans l'antiquité. Quel message extraordinaire pour notre époque où les puissants, plus que jamais, veulent occuper le devant de la scène!
Fêtons Noël comme il se doit : dans la simplicité, même et surtout, si nous sommes dans le malheur ou la tristesse.
Pierre Cayeux
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