mercredi 2 septembre 2009

SE SUICIDER en PRISON.

Régulièrement, la presse relate le suicide d'un détenu en prison. Après l'émotion et les belles promesses, la chape de plomb de l'oubli retombe.

En 2003, il y a eu 120 suicides dans les prisons de la république, 115 en 2004, 122 en 2005, 93 en 2006, 96 en 2007, et 115 en 2008 . La baisse enregistrée faisait suite à l'application d'une circulaire de prévention datant de 2003. Après la hausse de 2008, les chiffres de cette année sont catastrophiques : 88 au 19 août !

Le secrétaire d'état, M. Bockel, a rappelé que la plupart des suicides se font dans les premiers mois de l'incarcération. Il ne s'agit pas de dire que le choc carcéral est la seule cause des suicides, ce serait injuste et sot. Lorsque quelqu'un met fin à ses jours, souvent il y a eu une goutte d'eau qui a fait déborder le vase, mais le vase était déjà plein ! Chaque personne qui se suicide a ses raisons , son histoire et la plupart des détenus sont en vie. Néammoins la prison peut faire basculer certines personnalités très fragilisées. Toutes les études indiquent que 20% au moins des détenus souffrent de maladies psychiques.

La ministre de la justice a annoncé il y a quinze jours, une série de vingt mesures de prévention et de protection des détenus les plus vulnérables. Le docteur Albrand, auteur d'un rapport demandé par la ministre, s'est déclaré déçu que ses principales recommandations n'aient pas été retenues. Que faire pour que les suicides nombreux ne soient pas une fatalité en prison?

Lutter contre la surpopulation en mettant en place d'autres peines que l'emprisonnement pour les auteurs d'infractions sur les biens.
Assurer la sécurité dans les douches et les cours de promenade, lieux de violences toujours possibles entre détenus.
Intensifier le dialogue et la collaboration entre les personnels pénitentiaires et les personnels de santé.
Certains préconisent de confier cette mission au ministère de la santé et non de la justice pour permettre une autre approche.
Le docteur Albrand propose de réduire la durée du mitard de quarante cinq à vingt cinq jours et de confier à un juge le placement en quartier disciplinaire.

Dans quelques semaines sera discuté au parlement le projet de loi pénitentiaire , espérons que les députés se mobiliseront pour cette réalité carcérale qui est si révélatrice des maux de notre société.

1 commentaire:

monique a dit…

Lu dans « Le Monde Dossiers & Documents » de septembre 2009 :


«80 EUROS LE PRIX DE LA JOURNEE EN PRISON, CONTRE 600 EUROS A L'HOPITAL. A ce prix là, on rêverait, au ministère de la santé, d’emprisonner les cardiaques, les infectés, les diabétiques, les vieux». Comment soigner en prison ? Christiane de Beaurepaire s'interroge et dit dans son livre (Non-lieu - Un psychiatre en Prison – éd. Fayard) cette impossibilité et ce scandale de voir tous ces malades et ces pauvres en prison.



«Alors que 20 % des détenus –environ 12 000 personnes- souffrent de troubles psychiatriques, la France reconnaît la difficulté d’hospitaliser ces détenus dans des établissements psychiatriques «démunis face au devoir de gérer le risque d’évasion» et à la nécessité d’assumer «la sécurité au sens pénitentiaire du terme».

Du coup, «le préfet hésite à placer un détenu particulièrement dangereux dans une structure non sécurisée». Le détenu est alors gardé en détention. La création de 17 unités d’hospitalisation spécialement aménagées (UHSA) devrait «corriger l’ensemble des difficultés».

Pour répondre au «traitement inhumain et dégradant» infligé, selon le CPT, aux détenus psychiatriques laissés nus en cellule à Fresnes, le gouvernement expérimente l’utilisation d’un pyjama déchirable destiné à «éviter tout suicide par étranglement ou pendaison». »
Alain Salles – 12 décembre 2007