jeudi 9 avril 2015

Un amour sans limite.

Le pardon des fautes, des péchés est un des principaux messages de Jésus.
A son époque, les juifs allaient au Temple de Jérusalem faire des sacrifices d'animaux en vue du pardon.
Une fois l'an, le Grand Prêtre prononçait le nom de Dieu et envoyait le bouc émissaire au désert,
en signe du pardon des péchés par le Très Haut.
Au temps de Jésus, le Baptiste baptisait dans les eaux naturelles, non rituelles, du Jourdain en vue de ce pardon.
Mais c'était toujours l'Eternel qui pardonnait les fautes, pas le Grand Prêtre en exercice, ni Jean Baptiste.

La "révolution" que Jésus va introduire est qu'il pardonne lui-même les péchés,
se mettant ainsi à la place de Dieu, et s'attirant des ennemis.
Dans l'évangile de Luc : 5,17; 5,27; 7,36; 15; 19,1;
En 7,36, une femme pécheresse pleure aux pieds de Jésus invité chez un pharisien.
Au risque de scandaliser l'assistance, Jésus pardonne ses péchés à cette femme
qui a pleuré, qui a répandu du parfum sur les pieds de Jésus,
mais qui ne lui a pas formellement demandé le pardon de ses fautes.
Comme dans les autres passages, Jésus ose pardonner les péchés, ce que seul Dieu fait.
D'où la réaction des convives :
"Qui est cet homme qui va jusqu'à pardonner les péchés ?" Luc 7,49.

A celui qui demande pardon, qui désire changer de vie, Jésus remet les péchés,
quelles que soient les fautes, ainsi du criminel en croix au Golgotha :
"En vérité, je te le dis, aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis." Luc 23,43.

Ce pardon sans limite est associé à une exigence morale, elle aussi sans limite !
Lisez Luc 6, 27-35, Mt 5,21-48.
Si nous lisons Matthieu, nous ne savons quoi penser,
celui qui se met en colère contre un proche est comparé à un meurtrier,
celui qui regarde une femme avec désir est traité d'adultère,
celui qui se fait frapper sur une joue tend l'autre joue......

Quel sens donner à ces propos de Jésus qui nous paraissent totalement irréalistes ?
Comme le pardon n'a pas de mesure, l'amour de l'autre non plus.
Jésus met la barre très haut, croyant que nous sommes capables d'aimer bien plus que nous ne le soupçonnons.
Il ne réfute pas la Loi, ne pas tuer, pas violer, pas voler ....
mais il met la barre plus haut.
Ainsi personne ne peut se déclarer pur, parfait, saint vis à vis des autres qui, naturellement, seraient inférieurs !
La morale, le rapport aux autres n'a pas de barème, de hiérarchie.
Dieu nous aime bien plus que nous ne pouvons l'imaginer,
à nous de l'imiter dans les relations avec les autres.

C'est ce que Daniel Marguerat appelle "un amour en excès" dans "Paul de Tarse".
Ce grand exégète relie le texte de Matthieu et l'hymne à l'amour de Paul, 1 Cor 13.
Le don aux pauvres, la foi la plus grande,
le martyre ne sont rien si l'amour n'est pas leur source, affirme Paul.
"N'est ce pas inhumain d'exiger ça ? Justement, cet amour-là n'est pas humain.
Il vient de Dieu cet amour en excès.......
Radicalité de l'accueil de Dieu. Morale de l'excès et de l'inouï.
Le souffle de Jésus est passé par Paul.
La brûlure laissée en lui par sa découverte du Christ a été la matrice de sa théologie.
Elle lui a donné goût pour l'absolu." Marguerat.

J.T.

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