mercredi 17 mars 2010

M. DELARUE et les PRISONS.

Contrôleur général des lieux de privation de liberté, M. Jean Marie Delarue vient de publier son second rapport . Il y évoque la vie dans les prisons. Ce haut fonctionnaire a le grand mérite de parler vrai, sans aucune langue de bois :

" Les chefs d'établissements pénitentiaires sont très réceptifs. On a plus de mal avec le ministère de l'Intérieur.
Qu'on arrête de nous bassiner avec ces détenus qui obtiennent un diplôme de l'enseignement supérieur en prison ! Ils sont une exception.
Les surveillants vivent dans la crainte d'une sanction en cas d'incident. Entre la dignité d'un détenu qu'ils vont côtoyer pendant quelques mois et leur responsabilité personnelle, ils ont vite fait de choisir."

M. Delarue rappelle que la loi pénitentiaire de 2009 prévoit " que toute personne condamnée est tenue d'exercer au moins une des activités de la prison en vue de la réinsertion." Or, le rapport constate l'oisiveté de la plupart des détenus. En maison d'arrêt, moins d'un détenu sur cinq a un travail. Dans les centres de peine la situation est meilleure mais s'est dégradée avec la crise économique. A Argentan, 32% ont un emploi pour 400E en moyenne.
La formation manque de moyens. A la maison d'arrêt de Caen le Greta a cessé ses activités , faute de budget, depuis le 1er Janvier.
Le sport est la principale activité , mais le rapport note de longues listes d'attente et des régimes de faveur.

Autre point inquiétant pour l'avenir, les nouvelles prisons sont ultra sécuritaires, profusion de grilles, de caméras. Les surveillants sont , aux points de contrôle , " cachés " derrière des vitres sans tain. Le risque est que ce souci sécuritaire déshumanise encore plus les prisons et que le rapport humain surveillant détenu disparaisse peu à peu, alors qu'il est la clé des rappports humains en prison.

Sur Internet : www.cglpl.fr

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